Yann Roubert serre la vis : cap sur un rugby plus propre, plus stable, plus lucide

Pas de tour de chauffe pour Yann Roubert. À peine élu à la tête de la Ligue nationale de rugby, l’ancien président du LOU s’est attaqué de front à tous les sujets chauds du moment. Triche, santé des joueurs, équilibre financier, statut des internationaux, avenir du Top 14… Le nouveau patron de la LNR n’a pas mis longtemps à donner le ton.

La triche dans le viseur, le salary cap en ligne rouge

C’est l’un de ses premiers gros chantiers. Pour Roubert, le salary cap n’est pas négociable. Il le voit comme un outil vital pour garder un championnat équilibré et économiquement viable. Et dans ce cadre, pas question de laisser passer les entorses : « On va renforcer les sanctions, y compris sportives, pour les clubs qui trichent. On a tous un combat commun pour bannir la triche du rugby » (Le Figaro, 15 avril 2025).

L’affaire Jaminet, réglée en médiation avec une amende de 1,3 million d’euros pour Toulouse, a été le déclencheur. Roubert veut maintenant que les règles soient claires, strictes et appliquées dès la saison prochaine. Message direct aux clubs : les petits arrangements ne passeront plus.

Une ligne claire sur la santé des joueurs

Après les confidences de Sébastien Chabal sur ses troubles de mémoire, le débat sur la santé dans le rugby est revenu sur la table. Roubert n’élude rien. Il reconnaît que chaque accident est un de trop, mais veut éviter la panique générale. Il rappelle les progrès faits ces dernières années : protège-dents connectés, carton bleu, médecins de match indépendants, nouvelles règles dans l’amateur…

« Il faut faire tout ce qu’on peut pour éviter les risques, parce que la santé des joueurs est un enjeu absolument essentiel », souligne-t-il (L’Équipe, 16 avril 2025). Il assume aussi une certaine forme de réalisme : « On n’arrête pas d’apprendre à faire du vélo à nos enfants sous prétexte qu’il y a des chutes » (Le Figaro).

Des clubs sous tension malgré une discipline qui grandit

Côté finances, le constat est plus contrasté. La LNR vient de publier un rapport montrant que 10 des 14 clubs du Top 14 sont dans le rouge. Et même si les revenus augmentent (audiences, billetterie, partenaires…), l’économie reste fragile. Roubert remercie les mécènes qui comblent les déficits, mais il sait que ce modèle n’est pas tenable sur le long terme. Là encore, il remet le salary cap au centre du jeu, comme levier pour forcer les clubs à mieux gérer.

« On peut se réjouir de la croissance, mais il faut être lucide. Ça reste une économie fragile qui doit trouver son équilibre », explique-t-il (L’Équipe).

La tournée en Nouvelle-Zélande fait débat

Autre sujet sensible : la libération des internationaux pour la prochaine tournée des Bleus en Nouvelle-Zélande. Plusieurs cadres veulent y aller, même en cas de finale de Top 14. Roubert ne ferme pas la porte mais veut trouver un compromis raisonnable entre les envies des joueurs, les besoins des clubs et les priorités de l’équipe de France.

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« On entend les joueurs, on peut comprendre leur envie de se confronter aux All Blacks chez eux. Mais il faut un équilibre pour ne pas mettre en péril ni nos clubs, ni nos joueurs, ni notre équipe de France », prévient-il (L’Équipe).

Un Stade de France encore bien ancré

Côté calendrier, le Top 14 revient au Stade de France pour ses finales 2025 et 2026, malgré un futur changement de concessionnaire. Et ce retour devrait durer : 25 ou 26 finales sur les 30 prochaines années auront lieu à Saint-Denis. Un ancrage assumé, après une parenthèse marseillaise plutôt réussie.

À noter aussi une touche plus inattendue cette année : Benjamin Millepied chorégraphiera le spectacle d’avant-match de la finale. Mélanger danse contemporaine et rugby ? Roubert y voit un joli clin d’œil à l’esthétique du jeu. Un pari un peu décalé, mais assumé.

Un président qui veut de la transparence, pas de centralisation

Enfin, Roubert garde un œil attentif sur la proposition de loi sénatoriale en cours d’examen. S’il soutient les mesures contre le piratage et pour la transparence financière, il se méfie de tout ce qui pourrait affaiblir l’autonomie des Ligues face aux Fédérations.

« On a un modèle qui fonctionne, qui est une référence européenne, voire mondiale. Il ne faut pas le mettre en péril », rappelle-t-il (Le Figaro).

Une fonction encore à cadrer

Dernier point : son statut personnel. Il n’est pas encore rémunéré pour son poste, mais il ne compte pas faire du bénévolat à plein temps pendant quatre ans. « Ma femme s’en inquiète, et elle a raison », glisse-t-il avec humour. Le sujet sera discuté avec les présidents. Pas une priorité, mais un passage obligé.

Yann Roubert n’a pas mis longtemps à poser ses jalons. Pas de grandes phrases, mais des lignes directrices claires : tolérance zéro sur la triche, gestion serrée des finances, lucidité sur les risques du jeu, et envie de bâtir un rugby plus serein. À suivre de près, car les prochains mois s’annoncent bien remplis.

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J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO