Le Top 14 a connu un petit séisme en cette quatrième journée. L’Union Bordeaux-Bègles, est allée s’imposer sur la pelouse du Stade Toulousain, qui ne s’était plus incliné à domicile depuis deux ans et demi. Le Racing 92, a chuté dans les derniers instants à la suite d’une pénalité de Teddy Iribaren, ancien de la maison ciel et blanche. Les Franciliens tout comme leurs voisins du Stade Français sont dans une mauvaise posture. On fait le point.
L’UBB tient sa revanche
Comment ne pas penser à la dernière finale de Top 14, qui avait vu le Stade Toulousain, dans un stade Vélodrome incandescent, humilier l’Union Bordeaux-Bègles (59-3), dans ce qui reste le plus gros écart à un tel niveau de la compétition. Les Girondins voulaient laver l’affront, et ce déplacement en terre haut-garonnaise, en était le meilleur moyen. Malgré l’absence des Penaud, Depoortère ou Buros, tous laissés au repos, la formation cornaquée par Yannick Bru se présentait au Wallon avec une équipe séduisante, pleine d’intentions. En face, les Toulousains, orphelins d’Antoine Dupont ou Jack Willis n’ont jamais semblé en mesure de faire vaciller l’édifice girondin. Après un premier essai de Kinghorn, les Rouge et Noir vont subir les assauts des Bordelais, portés par un Moefana omniprésent, un Louis Bielle-Biarrey en feu et un Matthieu Jalibert qui offensivement a réduit la voilure, mais s’est comporté comme un vrai gestionnaire.
À la pause, le planchot affiche six unités d’avance pour les visiteurs (13-7) grâce à deux essais de Bielle-Biarrey et Lucu. Lors du second acte, l’UBB manque de tuer le match à plusieurs reprises et Mauvaka permet aux locaux de revenir à une unité. Mais Garcia enquillera une pénalité de 55 mètres et le Stade Toulousain échouera à quelques mètres de la ligne girondine sur la dernière séquence. Fusion du CABBG et du Stade Bordelais, l’UBB n’avait jamais gagné à Toulouse. Mieux encore, elle met fin à une série de 33 victoires à domicile pour les Rouge et Noir qui n’avaient plus perdu depuis février 2022 face au Stade Français (28-29). C’est un évènement donc, auquel nous avons assisté ce dimanche soir.
Iribaren bourreau du Racing 92
Que retenir de ce Racing-Stade Rochelais ? À vrai dire pas grand-chose tant les prestations des deux formations furent décevantes. À Créteil, on a longtemps cru voir les Franciliens sortir vainqueurs, notamment grâce à leur demi de mêlée Nolann Le Garrec. Mais les Maritimes, jamais distancés, sont revenus dans le money-time. Iribaren a même eu la balle d’égalisation à 16-14, mais sa transformation fuyait le cadre. Ce n’était que partie remise, quelques secondes plus tard, puisque ce même Iribaren offrait la victoire à son équipe, sur une pénalité excentrée aux 22 mètres.
Très peu utilisé à La Rochelle, cantonné à un rôle de numéro 3 derrière Tawera Kerr-Barlow et Thomas Berjon, Teddy Iribaren, comme un signe du destin, a crucifié ses anciens partenaires. Joueur du Racing entre 2017 et 2023, il a notamment disputé une finale de Champions Cup, perdue en 2020. S’il était sorti blessé de cette rencontre, il avait en revanche porté sa formation tout au long de la saison, en formant, avec Finn Russell, une charnière fantasque, capable de coups d’éclat. Peu à peu rentré dans le rang, il s’est donc expatrié sur la côte Atlantique, avec peu de succès, il faut le reconnaître. S’il risque quitter La Rochelle à l’intersaison, il a cependant joué un bien mauvais coup à ses anciens collègues franciliens. Une belle histoire, dont les hommes de Stuart Lancaster se seraient bien passés.
Le Racing et le Stade Français dans le dur, Karim Ghezal évincé ?
Peu de monde aurait parié sur une telle situation après quatre journées. Certes, nous ne sommes qu’au début du championnat et les deux voisins racingman et parisien ne sont pas encore au bord du précipice. Ils ne sont pas largués dans la course aux phases finales et ne parlons pas déjà de maintien. Mais en quatre matchs, les deux formations n’en ont remporté qu’un. Et à chaque fois, le jeu proposé laisse perplexe. Malgré une pléiade de stars, le Racing n’y arrive pas. Outre la lourde défaite à Bordeaux, ou celle à Castres, ils ont inquiété contre La Rochelle ce samedi. Et ce n’est pas la victoire contre Clermont, qui va rassurer les supporters. Il faudra un électrochoc, s’ils ne veulent pas vivre leur première saison sans phases finales, depuis leur remontée dans l’élite.
Même histoire du côté du Stade Français. Excepté une victoire peu convaincante sur le promu vannetais (34-31), les Stadistes ont chuté à chacune de leur apparition dont la dernière face à Pau. Auteur d’une première mi-temps convaincante, Paris s’est totalement écroulé par la suite, concédant même le bonus offensif. Demi-finaliste la saison passée, les soldats roses devront hausser leur niveau de jeu s’ils ne veulent pas voir le spectre d’une saison à jouer le maintien planer au-dessus de leur tête. Surtout que cette défaite pourrait laisser des traces. D’après le journaliste Gauthier Baudin, information que nous sommes en mesure de confirmer, Karim Ghezal, aurait été évincé et ne serait plus l’entraîneur en chef du club. La réception de Montpellier s’annonce déjà brûlante.
Gorgadze bonifie la Section
Si la Section Paloise n’a pas existé durant 50 minutes, avant de prendre le meilleur sur le Stade Français pour s’imposer avec bonus (30-16), un homme a livré 80 minutes de haute volée et une partition à conjuguer au plus-que-parfait. Lui ? C’est Beka Gorgadze. Joueur discret, bien trop sous-estimé, le Géorgien de 28 ans ne ferait tache dans aucune troisième ligne de Top 14. Face aux soldats roses, il a inscrit un essai tout en puissance, mais s’est surtout démené aux quatre coins du terrain. C’est lui qui a généré de l’avancée à chaque fois que les Palois tiraient la langue. Hyperactif offensivement, il s’est démené défensivement et ses statistiques à la sortie de ce match sont hallucinantes. Accrochez-vous bien ! 8 plaquages cassés, 16 courses balles en main et 9 défenseurs battus. Une prouesse qui le place comme l’un des meilleurs joueurs du Top 14, n’ayons pas peur de le dire.
Et le numéro 8 n’en est pas à son coup d’essai. Cela fait plusieurs saisons qu’il brille au pied des Pyrénées. S’il poursuit sur sa lancée, il ne serait pas étonnant de voir des écuries du haut de tableau lui faire les yeux doux.
L’Afrique du Sud indomptable
Pour la 128e sélection d’Eben Etzebeth, record absolu pour un joueur de la Nation Arc-en-Ciel, les Springboks n’ont pas fait dans la dentelle. Ces derniers ont étrillé l’Argentine (48-7), prenant leur revanche sur des Pumas qui les avaient battus une semaine auparavant. De ce fait, l’Afrique du Sud, invaincue au cours de cette campagne, remporte le Rugby Championship devant les Néo-zélandais seconds, suivis de l’Argentine alors que l’Australie ferme la marche.
Impressionnant de maîtrise, dominateurs devant et inspirés derrière avec des facteurs X tels que Kolbe, Fassi ou Arendse, les champions du monde en titre ont confirmé leur statut et prouvé qu’ils étaient sûrement les meilleurs sur la planète ovale actuellement. L’Écosse, l’Angleterre et le Pays de Galles sont prévenus. C’est une véritable machine à gagner qui va débarquer en Europe à l’automne.