Top 14 : quand les millions s’envolent et que les comptes plongent

Dix clubs dans le rouge, des pertes records et un débat relancé sur le salary cap : le Top 14 traverse une vraie zone de turbulences économiques. Malgré des stades remplis et des droits télé en hausse, les dépenses flambent plus vite que les recettes. L’équation devient intenable pour une majorité de clubs, et certains dirigeants tirent la sonnette d’alarme.

Une saison 2023-2024 qui laisse des traces

Les chiffres dévoilés par la Ligue nationale de rugby (LNR) sont sans appel : 64,5 millions d’euros de pertes d’exploitation cumulées pour les quatorze clubs du Top 14. C’est le pire résultat depuis la saison post-Covid en 2021, où les huis clos avaient plongé les finances dans le noir profond. Et si on compare à la période pré-Covid, les pertes ont doublé par rapport à la moyenne des exercices entre 2014 et 2019.

Pour éviter que la facture ne soit encore plus salée, des actionnaires ont dû effacer une partie des dettes, ce qui ramène la perte nette à environ 35 millions d’euros. Mais le mal est là, et il est structurel.

Des recettes historiques… mais des dépenses hors de contrôle

Ce qui rend la situation encore plus frustrante, c’est que le chiffre d’affaires n’a jamais été aussi élevé : 434 millions d’euros, en hausse de 9,3 %. Entre billetterie, sponsoring et droits TV, les revenus ont progressé sur tous les fronts. C’est bien simple : tout ce qui entre dans les caisses a augmenté.

Mais tout ce qui en sort aussi. Les dépenses flirtent désormais avec les 500 millions d’euros, portées par l’inflation, la hausse des charges variables (hospitalité, merchandising, logistique de match…) et les coûts liés aux partenariats haut de gamme. Résultat : la courbe des pertes continue de grimper.

La majorité des clubs au bord de l’asphyxie

Parmi les quatorze clubs, dix terminent la saison dans le rouge. Aucun nom n’a été dévoilé, mais on sait qu’un club affiche à lui seul une perte d’exploitation d’environ 17 millions d’euros. À l’inverse, seulement quatre clubs arrivent à équilibrer leurs comptes.

Ce fossé entre les clubs qui s’en sortent et ceux qui s’enfoncent pose question. Est-ce une question de modèle ? De gestion ? Ou simplement d’ambition mal calibrée par rapport aux ressources réelles ?

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Le salary cap dans le viseur

Dans ce contexte, le plafond salarial revient sur la table. Actuellement fixé à 10,7 millions d’euros par club, il avait été stabilisé ces dernières saisons. Mais plusieurs présidents souhaitent le revoir à la baisse dès 2027, histoire de contenir les dérives et éviter que les clubs ne s’endettent pour rester compétitifs.

Le nouveau président de la Ligue, Yann Roubert, l’a confirmé début avril auprès de l’AFP :

“Je n’ai jamais fait mystère de mes positions d’être pour une baisse modérée et progressive du salary cap.”

Une sortie qui montre que la Ligue n’entend pas rester les bras croisés.

Des signaux d’alerte sur tout le modèle

Ce qui se joue aujourd’hui dépasse les chiffres. Le rugby pro, en France, vit au-dessus de ses moyens. L’envie de grandir, de performer sur le terrain et d’attirer les meilleurs joueurs est là. Mais les coûts qui vont avec ne suivent plus. Et même une croissance des revenus ne suffit plus à compenser.

La situation rappelle que, derrière les lumières des stades et les exploits du week-end, la viabilité économique reste un combat permanent. Et qu’à trop vouloir briller, certains clubs risquent de s’y brûler.

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J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO