Racing 92 – derrière l’échec de Stuart Lancaster, le club est à la croisée des chemins

Le Racing 92 traverse une tempête. Après avoir dit au revoir à son président Laurent Travers, le club des Hauts-de-Seine vient de tourner la page Stuart Lancaster. Officiellement, l’histoire entre le manager anglais et le Racing s’arrête d’un commun accord. Officieusement, c’est un échec cuisant, reconnu par Jacky Lorenzetti lui-même. L’occasion de se poser la vraie question : où va le Racing 92 ?

Un projet qui s’écroule

Quand Stuart Lancaster débarque au Racing en juillet 2023, l’objectif est clair : apporter rigueur et organisation à un club jugé trop inconstant. L’ex-manager de l’Angleterre, qui a fait des merveilles au Leinster, est censé structurer le jeu, maximiser les performances et emmener l’équipe vers les sommets.

Sauf que ça ne s’est jamais passé comme prévu.

Après une première partie de saison plutôt convaincante, la machine s’est déréglée. Six défaites de suite en Top 14, une élimination précoce en Coupe d’Europe et surtout une équipe qui a semblé totalement désorientée. La défaite contre Castres (20-27) a été la goutte de trop. Une prestation sans énergie, sans combat, qui a forcé Lorenzetti à trancher.
“J’ai compris qu’il fallait agir vite, sinon on courait à la catastrophe industrielle”, confie-t-il à L’Équipe.

Résultat : Lancaster mis à la porte, Patrice Collazo appelé en pompier et un Racing qui doit se remettre d’un énorme coup de frein.

L’erreur du modèle anglo-saxon

L’échec de Lancaster ne se résume pas qu’aux résultats. C’est surtout un problème de vision, un pari qui ne colle pas à la réalité du Top 14.

Le manager anglais a essayé d’implanter sa méthode ultra-carrée, basée sur la vidéo, l’analyse et la précision tactique. Une approche qui a cartonné au Leinster, mais qui n’a jamais pris en France. Trop froid, trop distant, trop scolaire, Lancaster a eu du mal à s’imposer dans un vestiaire qui fonctionne plus à l’affect.
“Le rugby, c’est de la chair et du cœur, surtout pour nous, Latins. On n’est pas comme les ‘Brittons’. Nous, il nous faut aussi des sourires.” explique Lorenzetti à L’Équipe.

En clair, le Racing a voulu se transformer en franchise anglo-saxonne, mais a oublié que le Top 14 est un championnat à part. Ici, les joueurs ont besoin de sentir leur coach proche d’eux, de s’appuyer sur une culture de groupe forte. La Rochelle, Toulouse ou même Castres l’ont bien compris. Le Racing, lui, s’est perdu en route.

Collazo pour redresser la barre

Pour stopper l’hémorragie, Lorenzetti a sorti une solution de secours : Patrice Collazo. L’ancien manager de La Rochelle, Toulon et Brive débarque avec une mission simple : remettre de l’intensité et du combat dans cette équipe.
“J’ai voulu un entraîneur physique, quelqu’un avec du charisme, capable d’aller au combat.” précise le propriétaire du Racing dans La Dépêche du Midi.

Collazo, c’est l’anti-Lancaster par excellence. Un mec de terrain, direct, avec une vraie culture de l’engagement. Son passage à Montpellier la saison dernière, où il a contribué au maintien du club, prouve qu’il sait gérer les situations de crise.

Mais ce n’est qu’un intérim. Son contrat court jusqu’à la fin de la saison. Ensuite, le Racing devra faire un choix plus structurant.

Et maintenant ?

Cette crise doit amener le Racing à se poser les bonnes questions. Car au-delà du départ de Lancaster, c’est tout le projet qui est remis en cause.

Le Racing a-t-il vraiment une identité de jeu ? Veut-il être un club de stars ou un club de formation ? Quelle place pour les jeunes, pour les valeurs rugbystiques, pour l’ancrage local ?

Le recrutement du prochain manager sera crucial. Parmi les noms évoqués, on retrouve Eddie Jones ou Michael Cheika, mais avant de choisir un entraîneur, encore faut-il savoir quelle direction prendre.

Pour l’instant, l’urgence est ailleurs. Le Racing doit retrouver des bases solides, assurer son maintien et retrouver du plaisir à jouer. Après, viendra le temps des grandes décisions.

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J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO