Première historique pour Vannes, Leyds sur un nuage, Carbonel se noie et l’Argentine pour une finale : les échos du week-end

Ce samedi, le RC Vannes a décroché la première victoire en Top 14 de son histoire, alors qu’en Rugby Championship, l’Argentine, en battant l’Afrique du Sud, s’offre une finale inespérée. Individuellement, Naoto Saito et Dillyn Leyds ont brillé ce week-end alors que Louis Carbonel s’est troué.

Vannes, première historique

Promu en Top 14, le calendrier de Vannes n’avait rien d’évident. Après une première défaite à La Rabine contre Toulouse, le RCV s’était montré séduisant à Paris, bousculant le Stade Français, récent demi-finaliste, au point de décrocher un bonus défensif mérité (34-31). Désormais, il était question de gagner. Et la réception de Lyon devait définitivement lancer la saison des Bretons. Et ce fut le cas, avec une superbe victoire face à un adversaire jusqu’alors invaincu.

Dans un stade bouillant, les coéquipiers de Maxime Lafage ont souffert, mais se sont finalement imposés (30-20), portés par la botte de ce dernier, auteur également d’un essai, tout comme Surano et Rayasi, très bon en ce début de saison. Les Lyonnais, de leur côté, ont franchi à deux reprises la ligne par Taofifenua et Meliande. Jamais largués au score, ils n’ont pas été en mesure de renverser le cours de la partie. Avec ce succès, Vannes, grimpe à la neuvième place du classement, 1 point devant Bayonne, treizième.

À Toulouse, Saito est déjà adopté

N’importe quel suiveur du rugby japonais, connaissait les qualités de Naoto Saito, demi de mêlée du Stade Toulousain. À 27 ans, l’international nippon (22 sélections) est arrivé en catimini dans la Ville rose. Remplaçant lors des deux premières journées, ses entrées en jeu à la place de Paul Graou ont toujours été intéressantes, pour ne pas dire plus. Il a, à chaque fois, apporté de la vitesse au jeu, et s’est montré, notamment contre La Rochelle, très à l’aise dans l’occupation au pied. Un joueur complet, qui malgré la barrière de la langue semble déjà s’épanouir à Toulouse.

D’autant qu’il a été, ce samedi, un grand artisan du succès haut-garonnais à Montpellier (11-20). Titularisé pour la première fois au sein d’une équipe mixte, il est, notamment, à l’origine du second essai, trouvant la faille en bord de ruck et perçant sur plusieurs mètres. Toujours au plus près de l’action, il n’a eu de cesse de dynamiter et a formé avec Thomas Ramos une charnière complémentaire et joueuse. S’il continue sur cette lancée, il pourrait venir griller la politesse à Paul Graou, dans ce rôle de numéro 2 derrière Antoine Dupont. Si le Top 14 peut garder des souvenirs mitigés des premiers passages de joueurs japonais dans l’Hexagone (Ayumu Goromaru), les récents exemples montrent qu’ils peuvent réussir au sein d’un championnat très exigeant (Tevita Tatafu, Kotaro Matsushima). Naoto Saito semble en faire partie.

Dillyn Leyds toujours plus brillant

On aurait pu parler des exploits des ailiers bordelo-béglais, Damian Penaud ou Louis Bielle-Biarrey, tous deux auteurs de trois essais contre le Racing. Mais on a décidé de mettre en lumière, un autre joueur, tout aussi talentueux.

Si l’on venait à nous demander qui était le joueur le plus sous-côté du championnat de France, on jetterait, sans trop d’hésitation, notre dévolu sur Dillyn Leyds. Son triplé et ses deux passes décisives contre Pau (victoire 49-25), nous confortent dans l’idée qu’il se place, sûrement, parmi les cinq meilleurs joueurs de notre championnat à son poste.

Le Sud-africain, aux 10 sélections avec les Springboks, a donc vu triple ce samedi. Le premier triplé de sa riche carrière. À 32 ans, le natif Somerset West, est sûrement dans ce qu’on peut appeler son « prime ». Et il aura fallu une performance XXL contre les Béarnais pour que l’on s’attarde enfin sur ce joyau. Parce que n’ayons pas peur des mots, ce joueur, sûrement moins connu que certaines têtes d’affiche à son poste, n’a rien à envier aux meilleurs ailiers du Top 14. Techniquement, il est au-dessus de tous ses concurrents, grâce à sa formation de demi d’ouverture. Capable également de glisser à l’arrière avec brio, il est, à n’en pas douter l’ailier le plus complet, là où les autres vont s’appuyer sur une ou deux qualités très fortes. Doué donc balle en main, bonifiant ses partenaires, capable de buter, son jeu au pied est efficace, sa vision du jeu au-dessus de la moyenne sans omettre de vanter ses qualités de vitesse. Bref, un joueur XXL. Et depuis plusieurs saisons, ce sont les supporters rochelais qui s’en frottent les mains.

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L’Argentine jouera une finale en Afrique du Sud

Peu de monde aurait parié sur un tel scénario à l’aube de ce Rugby Championship. Pourtant, l’Argentine va bien jouer une « finale » ce samedi, au stade Mbombela de Nelspruit. La tâche ne sera pas aisée, puisque les Pumas, deuxièmes avec 14 points, devront battre sur ses terres le leader sud-africain (19 points), avec bonus offensif, sans laisser le défensif aux Springboks. Compliqué, surtout que ces mêmes sud-africains, revanchards, pourront compter sur le retour de plusieurs cadres. Mais à cœur vaillant, rien d’impossible, et les partenaires de Pablo Matera ont déjà réalisé pareille performance en s’imposant en Nouvelle-Zélande en ouverture de la compétition (30-38). Ils pourront même regretter cette défaite à domicile contre l’Australie dans les derniers instants (19-20), sous un déluge qui a forcément nivelé les valeurs.

Mais pour s’offrir cette finale, les Argentins ont dû cravacher, pour venir à bout de leurs adversaires. À Córdoba, on a d’abord pensé à une leçon des visiteurs, quand ils menaient 17-0 grâce notamment à des essais de Fassi et Kriel. Mais comme lors du second test face à l’Australie, l’Argentine est revenue, en inscrivant quatre essais en 20 minutes. Carreras, Matera, Sclavi et Albornoz ont tous franchi la ligne adverse. Cobus Reinach ramènera les siens à quatre points juste avant les citrons (26-22).

Pollard inscrira deux pénalités lors du second acte, permettant à l’Afrique du Sud de reprendre les commandes du match (26-28). Mais le très bon Thomas Albornoz convertira une pénalité (29-28), avant que Mannie Libbok, la victoire au bout du soulier, échoue des 35 mètres. Les Pumas exultent et remportent donc la partie sur la plus petite des marges.

Carbonel manque ses retrouvailles avec Toulon

Il ne s’agit pas là de tirer sur l’ambulance, ni de remettre en cause son talent. Mais il faut bien parler de la passe difficile que traverse Louis Carbonel. Titularisé pour la troisième fois en autant de matchs sous ses nouvelles couleurs parisiennes, le minot de la Rade retrouvait son club formateur, Toulon. Mais sous le déluge parisien, il s’est noyé, manquant trois pénalités dans ses cordes en première période et laissant le RCT hors de portée (0-8).

Peu à son avantage également dans le jeu, il n’a pas su peser sur la rencontre, à tel point qu’il fut remplacé dès le retour des vestiaires par Zack Henry. Frappés par les blessures, les soldats roses n’ont pu s’imposer et concèdent leur première défaite à Jean Bouin depuis 11 rencontres (10-14). Certes, Carbonel vient d’arriver et doit donc s’adapter à un nouvel environnement. Mais ses trois premières sorties n’ont pour l’instant pas convaincu. En manque criant de confiance, il faudra que le club l’accompagne pour lui permettre de retrouver ses qualités. Car pour l’instant, il est bien loin du niveau qui a pu être le sien dans le Var.