La Rochelle, grâce à un Paul Boudehent impérial, s’est emparée du fauteuil de leader en compagnie de l’Union Bordeaux-Bègles, victorieuse sur le fil de Bayonne. Antoine Aucagne fut le héros de l’USAP tandis qu’Abraham Papali’i a porté le Castres Olympique. On fait le point sur les dossiers chauds du week-end.
La Rochelle et Paul Boudehent sortent les muscles, l’UBB coleader
Dans l’un des matchs au sommet de cette 5e journée, le Stade Rochelais, a une nouvelle fois prouvé qu’il faudrait compter sur lui. Opposés au LOU, l’une des équipes en forme du moment, les Maritimes ont d’abord souffert, avant de prendre la mesure de leur adversaire, bonus offensif en prime, envoyant un message à l’ensemble de leurs rivaux (43-22). Malgré une défaillance au pied, le score étant de 14 à 15 aux citrons, La Rochelle a su appuyer sur l’accélérateur en seconde période, portée par un Paul Boudehent irrésistible et en forme internationale. Jamais avare d’efforts, toujours à la pointe du combat, il fut intraitable en défense avec quinze plaquages réussis sur les quinze qu’il a tenté, mais aussi offensivement, avec 17 courses. Son hyperactivité fut récompensée par un doublé. Surtout, il a su se mettre au service du collectif, puisque, fait rare, le flanker a terminé la partie en tant qu’ailier. «Je suis content, mais ce qui m’a fait le plus plaisir c’est qu’à la fin du match, mes grands-parents étaient là et j’ai vu pour la première fois mon grand-père pleurer. C’est plus ça ma petite victoire du jour. Je retiendrai plus le fait d’avoir pu passer ce court moment avec eux que le doublé», déclarait-il à l’issue du match en conférence de presse.
Avec une telle performance, Fabien Galthié n’a pas fini de se gratter la tête à un poste hyper concurrentiel. Berjon, Danty, lui aussi très bon, Lespiaucq et Richer furent les quatre autres marqueurs du Stade Rochelais, qui s’empare du fauteuil de leader, à égalité avec l’Union Bordeaux Bègles.
L’UBB justement, parlons-en. Les Girondins, après leur superbe succès à Toulouse, avaient l’occasion de s’emparer seuls de la première place. Ils devront finalement le partager avec les Rochelais, la faute à un bonus offensif qui n’est pas venu. Pire encore, face à un Aviron Bayonnais que l’on trouvait fébrile depuis la 1ʳᵉ journée, les locaux auraient pu perdre la rencontre. Alors qu’ils avaient le match en main, menant 27-10 à 25 minutes du trille final, les partenaires de Matthieu Jalibert ont baissé pavillon contre des Basques héroïques, montrant du caractère, du talent et un visage encore trop peu vu cette saison. Par un drop de Segonds et deux essais transformés de Bruni et Orabe, les visiteurs pensaient tenir un match nul mérité.
Mais ce fut sans compter sur une dernière faute évitable, que l’ancien de la maison bayonnaise, Mateo Garcia crucifiait leurs espoirs. L’Union Bordeaux Bègles reste donc en haut du classement, première avec le Stade Rochelais mais s’est fait très peur. Sûrement un léger relâchement après le succès historique en terre toulousaine.
Antoine Aucagne : déjà adopté
Si vous suiviez la Pro D2 l’an passé et plus particulièrement Aurillac, vous n’avez pu passer à côté du talentueux Antoine Aucagne. Neveu de David, ancien international français, le jeune joueur de 24 ans formé à Vichy, meilleur réalisateur de deuxième division lors de l’exercice 2023/2024, a effectué le grand saut à l’intersaison pour s’essayer au Top 14. Et grand bien lui en a pris.
Ouvreur de formation, auteur d’une saison pleine l’an dernier dans le Cantal, ses débuts avec Perpignan laissent augurer de belles choses. Pour sa première dans l’élite du rugby français, à Castres à l’ouverture, il s’est montré précis face aux perches. Mais c’est surtout contre Clermont, qu’il s’est fait adopter par Aimé-Giral. Titularisé à l’arrière, il a inscrit un essai et s’est montré précieux dans l’exercice des tirs aux buts. Surtout, il a prouvé qu’il pouvait être une solution dans le fond du terrain, n’hésitant pas à remonter les ballons et à être incisif offensivement.
Il fallait donc confirmer ce samedi, lors de la réception de la Section Paloise, concurrent direct pour le maintien. Cette fois-ci décalé une nouvelle fois à l’ouverture, il fut le héros d’un match cadenassé, qui n’a choisi son vainqueur qu’après la sirène. Alors que le planchot affichait un timide 10 à 8 en faveur des visiteurs, Antoine Aucagne, la gagne au bout du soulier, a délivré tout un peuple sur une dernière pénalité réussie. Le jeune gars de Vichy s’est transformé en sauveur et est devenu l’attraction du moment chez les Sang et Or. Il a, qui plus est, montré un mental à toute épreuve. Remplacé à la pause par Franck Azéma, revenu en fin de match, il aurait pu sombrer dû à cette sortie prématurée. Il n’en fut rien.
Décomplexé, talentueux, le longiligne joueur (1m84-80kg), est un des joueurs phares de l’USAP depuis le début de saison. La longue blessure de McIntyre, devrait, lui permettre de s’affirmer davantage et de prendre les clés du camion à l’ouverture. Nous ne nous enflammerons pas mais c’est peut-être un espoir du rugby tricolore que nous sommes en train de voir éclore sous nos yeux.
Abraham Papali’i impressionne contre Toulouse
On vous parlait la semaine passée de Beka Gorgadze, le troisième ligne palois, auteur d’un début de saison stratosphérique, dans la lignée de ses précédentes années. Dans le même registre, de joueur peu connu du grand public, sous-côté, qui ne fait pas de vagues, on vous présente Abraham Papali’i. Son nom ne vous est sûrement pas inconnu. Troisième-ligne centre de Castres, l’ex-treiziste réalise un début d’exercice 2024/2025 sensationnel. Auteur de deux essais (à Toulon et contre Perpignan), sa partie face à l’USAP, il y a deux semaines, fut à conjuguer au plus-que-parfait. Mais que dire de sa performance, ce samedi soir dans le derby face au Stade Toulousain (28-20) ? L’ancien briviste a rayonné, assurément le meilleur joueur sur la pelouse de Pierre Fabre. Gros porteur de balle, il n’a cessé d’avancer, mettant la défense toulousaine constamment sur le reculoir, grâce à sa puissance et ses innombrables charges. Avec ses 8 plaquages, 2 turnovers gagnés, capable de bonifier les ballons et faire jouer derrière lui, il est l’un des hommes forts du CO depuis septembre. Le Néo-zélandais de 31 ans, passé par la Chine et qui a bourlingué tout au long de carrière, n’est pas étranger à la bonne période que traverse son club. Et c’est bien Castres qui s’en frotte les mains.
Montpellier, bis repetita ?
Le MHR est-il reparti pour une nouvelle saison cauchemardesque ? À Paris, les Héraultais, longtemps dans le coup et devants à la mi-temps (6-13), se sont une fois de plus inclinés, sans bonus (29-20). Une défaite à 0 point qui les laisse dans le fond du classement, treizièmes juste devant Vannes. Seule équipe à une victoire avec le promu breton, Montpellier se doit de réagir. La réception du RCV le week-end prochain dans cette rencontre des mal classés doit permettre aux hommes de Joan Caudullo de se donner de l’air avant un périlleux déplacement à Toulon.
Passés par la case barrage l’an dernier pour assurer leur survie dans l’élite, les Cistes ne semblent pas en mesure d’inverser la tendance et la spirale négative qui les frappe. Il le faudra, car devant, leurs concurrents prennent peu à peu de l’avance, mais surtout, produisent un jeu supérieur à des Montpelliérains peu inspirés à Jean Bouin.