À 20 ans à peine, Patrick Tuifua a déjà pris l’une des décisions les plus fortes de sa jeune carrière : il rejoint le Rugby Club Toulonnais pour les trois prochaines saisons, mettant de côté l’aventure néo-zélandaise et ses ambitions avec les All Blacks. Le club varois l’a officialisé ce jeudi, concluant un dossier suivi de près depuis plusieurs mois.
D’Hawke’s Bay à la Rade : un virage inattendu
À l’automne dernier, le discours de Tuifua était encore très clair : il comptait rester en Nouvelle-Zélande. Il s’entraînait avec les Hurricanes et espérait décrocher un contrat en Super Rugby. Il n’en sera finalement rien. Sans engagement pour la saison 2025, le troisième-ligne a fini par revoir ses plans. Toulon était toujours là, discret mais insistant, et a fini par le convaincre de revenir en France.
Né en Nouvelle-Calédonie, passé par la JSL Normandie à Nouméa, Tuifua était parti très jeune tenter sa chance à l’autre bout du monde. Depuis cinq ans, il évoluait chez les Hawke’s Bay Magpies, et commençait à se faire un nom parmi les jeunes talents néo-zélandais.
Patrick Tuifua débarque sur la Rade jusqu'en 2028 🔥 pic.twitter.com/cuGU6Zy6jr
— CANAL+ Rugby (@CanalplusRugby) April 3, 2025
Toulon tient un profil rare
Avec cette signature, le RCT récupère bien plus qu’un simple joueur prometteur. Tuifua, c’est de l’impact, du volume de jeu, une grosse activité défensive, et surtout une vraie faculté à gagner la ligne d’avantage. Son passage remarqué avec l’équipe de France U20 lors du dernier Tournoi des Six Nations (deux sélections, un essai contre l’Écosse) n’est pas passé inaperçu. Il avait été l’un des plus en vue du groupe, et certains l’imaginaient même à court terme dans les petits papiers de Fabien Galthié.
Du côté de Toulon, Laurent Emmanuelli, le directeur sportif, ne cache pas sa satisfaction. Il parle d’un joueur qui coche les cases, capable de s’inscrire dans une stratégie long terme, à l’image d’un club qui veut allier jeunesse et ambition. Ce recrutement tombe à point nommé, alors que le RCT s’apprête à voir partir Selevasio Tolofua (direction Clermont) et attend aussi Zach Mercer, de retour du championnat anglais.
Une porte qui se ferme avec les All Blacks, une autre qui s’ouvre avec les Bleus
Ce choix toulonnais n’est pas neutre sur le plan international. En signant en France, Tuifua n’est plus sélectionnable avec les All Blacks jusqu’à la fin de son contrat, en 2028. C’est un tournant fort, tant il semblait attaché au rugby néo-zélandais. Mais c’est aussi une excellente nouvelle pour le XV de France, qui voit un profil de troisième-ligne puissant, formé à l’école néo-zélandaise, entrer dans le vivier.
D’autant que sa trajectoire rappelle celle de plusieurs autres jeunes tricolores nés dans le Pacifique : des talents qui auraient pu basculer sous le maillot noir, mais qui ont choisi l’Hexagone. À ce poste, la concurrence est rude en bleu, mais Tuifua a les moyens de se faire une place, surtout s’il s’impose rapidement dans la rotation du RCT.
Un lien fort avec la Nouvelle-Calédonie
Ce transfert, c’est aussi une histoire de territoire. Toulon entretient depuis longtemps une relation particulière avec la Nouvelle-Calédonie, terre de rugby passionnée. Le club a d’ailleurs lancé récemment le programme « RCT Passion », destiné à repérer, accompagner et former les jeunes calédoniens. L’arrivée de Tuifua s’inscrit clairement dans cette dynamique.
C’est aussi un signal envoyé à toute une génération de jeunes issus de cette région : le Top 14 peut être un débouché concret, sans renier ses origines ni son parcours. Le RCT, en misant sur ce profil, renforce son identité, faite de joueurs puissants, engagés et proches du public.
Une promesse à confirmer dès l’été
Tuifua débarquera sur la Rade dès cet été, avec l’envie de s’imposer très vite dans l’effectif professionnel. Il devra gagner sa place dans un groupe dense, mais le staff toulonnais semble déjà prêt à lui faire confiance. S’il confirme les promesses aperçues chez les Bleuets, il pourrait devenir une pièce maîtresse du pack rouge et noir d’ici peu.
Pas encore un pari, pas encore une star. Mais un profil excitant, un vrai bol d’air pour Toulon, et peut-être un futur cadre pour les Bleus. Ce genre de signature qui peut changer la donne sur plusieurs saisons.

J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO