Muselé en finale, Henry Pollock reviendra

Il était l’une des attractions de cette finale de Champions Cup, dans un Principality Stadium de Cardiff qui avait les yeux rivés sur lui. Mine joufflue, visage encore enfantin, le gamin de 20 ans tout juste sorti de l’adolescence n’était peut être pas préparé à un tel emballement médiatique.

Étincelant tout au long de la campagne européenne, débordant d’activité en demie contre le Leinster, Henry Pollock, le nouveau joyau de Sa Majesté a manqué sa finale. Il aurait pu la sauver, avec un essai dans les premiers instants du second acte, sur une touche rondement menée. Mais une faute du pourtant très bon Alex Coles dans le maul a contraint Monsieur Amashukeli a logiquement refuser la réalisation.

Une fougue débordante

Les Français adorent le détester. Et ce n’est pas cet accrochage avec plusieurs girondins, Matthieu Jalibert en tête, qui arrangera son cas. Le demi d’ouverture tricolore, s’est d’ailleurs expliqué sur cette altercation en conférence de presse, reprochant notamment les propos de Pollock avant la finale, qu’il a jugé irrespectueux : « Les gars de Northampton ont dit des trucs dans la presse qu’on n’a pas trop appréciés. Ils ont dit qu’on était un club de mercenaires, qu’on n’était là que pour l’argent ». On en oublierait presque que le maestro girondin, encore une fois étincelant ce samedi sur la pelouse galloise, était un adepte des phrases piquantes, du chambrage et des petits gestes prêts à faire dérailler l’adversaire. Et qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Jalibert personnage clivant, est forcément une figure à part dans la sphère rugbystique, en plus de son jeu fantasque, offensif et ô combien attrayant pour tout amoureux de ce sport.

Forcément ce clash entre deux fortes têtes a pu faire des étincelles. On le sait, Pollock n’est pas forcément aimé par les Français pour la simple et bonne raison qu’il est anglais. Ses innombrables célébrations, ses grands cris à chaque pénalité obtenue ont parfois le don d’agacer. Dans notre cas, on trouve cela rafraîchissant, dans un rugby parfois trop aseptisé. On peut aussi mettre ça sur le compte de la jeunesse, de sa fougue débordante pour un gamin qu’il y a encore un an jouait en deuxième division anglaise et qui va connaître les Lions Britanniques cet été pour sa première saison au très haut niveau. Un vrai rêve éveillé.

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Il ne faut donc pas enterrer le gamin de Banbury. Aujourd’hui, le monde du rugby se délecte de voir le troisième ligne connaître son premier couac, après une saison où tout lui a réussi. Et c’est le jeu. En chambrant, Pollock se risque à un retour de bâton, même si certains commentaires envers un si jeune joueur peuvent dépasser les bornes.

Une défaite en finale de Champions Cup et un match plus ou moins raté, dans lequel le flanker au bandeau noir n’a su peser et voilà que certains le clouent au pilori. Mais n’allez pas croire que Pollock est seulement le tube d’une saison, une sorte de joueur frisson qui retombera dans l’anonymat le plus total. On en oublierait presque qu’il n’a que 20 ans. Cet échec le fera grandir à n’en pas douter, et il saura revenir au plus haut niveau, pour tirer cette jeune équipe de Northampton pleine d’avenir, au sommet du rugby européen. Et les aficionados du rugby tricolore continueront de détester la prochaine coqueluche de la balle ovale du Perfide Albion et se réjouiront à chacune de ses galères comme ce fut le cas pour des Farrell, Itoje ou Marcus Smith avant lui. Car c’est bien ça, le but du jeu.

Biberonné au rugby, tombé malade de ce sport lors de la Coupe du Monde 2003, alors que je savais à peine marcher, je suis le seul sudiste ayant renié le Stade Toulousain pour l’autre Stade… Français. Condamné à souffrir avec mon club de cœur, j’espère vous transmettre mon amour pour la balle ovale à travers XV Ovalie !