Le rugby mondial pourrait-il poser ses valises au Moyen-Orient d’ici une dizaine d’années ? C’est en tout cas l’ambition affichée par Asia Rugby, qui planche sur une candidature commune du Qatar, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour organiser la Coupe du monde 2035.
Une annonce qui suscite autant de curiosité que de scepticisme.
Une idée qui prend forme dans les coulisses
Tout est parti des déclarations de Qais Al-Dhalai, président de la fédération asiatique de rugby, dans les colonnes du Times. L’Émirati ne cache pas son enthousiasme : il imagine une co-organisation inédite entre les trois pays du Golfe pour accueillir l’événement phare du rugby mondial. « Pourquoi pas ? Les stades sont déjà là. Ce serait l’événement le plus réussi de l’histoire du rugby », lâche-t-il.
Le projet n’en est pas encore au stade du dépôt officiel, mais les manœuvres diplomatiques et sportives sont bel et bien en cours. Objectif : convaincre World Rugby de confier les clés du tournoi à une région où le rugby est loin d’être un sport majeur.
Le Qatar, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite veulent organiser ensemble une Coupe du monde de rugby#Qatar #قطر
— QATAR.fr 🇶🇦 (@qatar_fr) March 31, 2025
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Les infrastructures sont prêtes, le niveau un peu moins
Côté infrastructures, le dossier coche déjà quelques cases. Le Qatar, les Émirats et l’Arabie saoudite ont investi massivement ces dernières années pour accueillir des événements internationaux : football, F1, tennis, rien ne leur fait peur. Et les stades construits pour la Coupe du monde de foot 2022 sont encore flambant neufs.
Mais sur le plan sportif, c’est une autre histoire. Les sélections concernées pointent loin au classement mondial : 48e pour les Émirats, 87e pour le Qatar, et une Arabie saoudite encore novice, dont le premier match date de 2016. Pas exactement des têtes d’affiche. Pour l’instant, aucune ne se qualifierait pour une Coupe du monde à la régulière.
Un modèle inspiré du foot, avec des ajustements nécessaires
Al-Dhalai veut s’appuyer sur un modèle multivilles, comme le football l’a fait avec Japon-Corée en 2002, ou bientôt avec Espagne-Maroc-Portugal en 2030. L’idée d’un trio hôte pour le rugby intrigue, mais séduit. Elle s’inscrirait dans une logique d’ouverture géographique du rugby mondial, amorcée avec le Japon en 2019 et poursuivie avec les États-Unis en 2031.
Reste un obstacle de taille : le climat. En septembre-octobre, la chaleur du Golfe est intenable pour les joueurs. Résultat, il faudrait probablement décaler la compétition en hiver, sur les mois de décembre-janvier. Ce qui chamboulerait le calendrier, notamment le Tournoi des Six Nations, programmé dès février.
Une économie qui peut faire pencher la balance
Si les sélections sont loin des standards actuels, les moyens financiers, eux, sont bien réels. Le président d’Asia Rugby l’assume : « 90 à 95 % des revenus du rugby viennent de la Coupe du monde à XV. Les économies du Moyen-Orient sont très solides. » Un message à peine voilé pour World Rugby, à l’heure où les questions budgétaires pèsent de plus en plus dans le choix des hôtes.
Le Golfe a déjà montré qu’il savait attirer le haut niveau : à Dubaï, chaque année, une étape du World Rugby Sevens Series fait le plein. Mais passer d’un tournoi à 7 à l’organisation d’une Coupe du monde à XV, c’est un sacré saut.
Une course encore ouverte
Pour 2035, l’Italie et l’Espagne sont aussi sur les rangs, avec des dossiers plus classiques, mais solides. L’Afrique du Sud pourrait également revenir dans la boucle. Asia Rugby garde d’autres plans sous le coude : une candidature Japon-Corée du Sud ou Singapour-Indonésie. Mais dans l’esprit de ses dirigeants, le trio du Golfe tient la corde.
Il faudra patienter jusqu’en 2028, date de l’annonce officielle, pour connaître l’issue de cette course. D’ici là, les débats ne manqueront pas. Mais une chose est sûre : le rugby mondial est prêt à explorer de nouveaux territoires. Reste à voir si le désert est prêt à l’accueillir.

J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO