Victorieuse de la Nouvelle-Zélande (30-29), la France s’est offert sa troisième victoire consécutive contre le pays au long nuage blanc. À froid, peut-on parler de hold-up ? La sortie de Cameron Roigard a fait du mal aux All Blacks tandis que l’Afrique du Sud est venue à bout de l’Angleterre. Cheslin Kolbe a brillé et confirme son retour au premier plan. Enfin, le Pays de Galles inquiète après sa lourde défaite contre l’Australie. Chez les Wallabies, Tom Wright a une nouvelle fois fait parler sa classe. Voici les échos du week-end.
Les Bleus, un hold-up, vraiment ?
Ce samedi soir, le XV de France s’est imposé face à la Nouvelle-Zélande (30-29), au cours d’un combat de tous les instants. Menés à la pause, les hommes de Fabien Galthié ont su renverser la vapeur en seconde période pour décrocher un succès de prestige. Il n’est pas là question de faire la fine bouche, mais cette victoire n’est-elle pas l’arbre qui cache la forêt ?
On s’explique. Loin de nous l’idée de minimiser cette probante victoire tricolore. Dans un passé pas si lointain, les Bleus avaient l’habitude de subir l’impitoyable furia néo-zélandaise, subissant de lourdes défaites à chaque confrontation. Sur les trois derniers matchs, le XV de France a été vainqueur à trois reprises contre ces mêmes néo-zélandais.
Une première depuis 1995 (vainqueurs deux fois en 1994 et une fois en 1995). Difficile donc de reprocher quoique ce soit aux soldats de Fabien Galthié. Mais si nous nous permettons de remettre en cause certains aspects de cette performance, c’est parce que la France possède un vivier de joueurs sans précédent, avec une génération dorée, capable de bien mieux, notamment offensivement.
Le XV de France s’est montré irréprochable en défense. Il a, il est vrai, en première période, subi et reculé sur tous les impacts. Ce fut un peu mieux en seconde. En revanche, sur un plan défensif collectif, le mur s’est rarement délité. Par contre, rentrer aux vestiaires sur un score de 17 à 10 relève du miracle. Les enfants d’Aotearoa n’ont cessé de dicter le rythme, poussant les Français dans les cordes. Souvent au point de rupture, les partenaires d’Antoine Dupont ont su être efficaces et se sont nourris des rares miettes. Rendez-vous compte. En première période, les Néo-z ont eu 63% de possession. 61% sur l’ensemble de la partie. La France a fait moins de 100 passes et plus de 200 plaquages sur l’ensemble du match.
Mais c’est surtout offensivement que le bât blesse. L’essai de Bielle-Biarrey, tournant de la rencontre, est un contre, un essai à 0 passe, une contre-attaque. Si les Blacks ne font pas tomber le ballon, ces derniers ont une occasion d’essai presque imparable. Idem pour Boudhent, un essai à 0 passe. Fabien Galthié et son staff ont privilégié une fois de plus la dépossession, au détriment de l’attaque. Derrière, nous n’avons vu aucun lancement de jeu. Moefana fut transparent et Fickou, hormis sa solidité notable dans le secteur défensif, n’a pas été beaucoup plus inspiré balle en main. Alors cette victoire donne raison au board tricolore.
Savourons-la, certes, mais ne soyons pas aveugles. La Nouvelle-Zélande supérieure également en conquête, a proposé, ce samedi soir un rugby bien plus complet, et semblait au-dessus de nos Bleus. Mais à la fin, c’est bien la France qui gagne, à la “Sud-Africaine”. Et c’est sûrement là l’essentiel.
La sortie de Roigard a eu la peau des Blacks
On vous en parlait pas plus tard que ce vendredi. Revenu d’une rupture du tendon rotulien, Cameron Roigard, titularisé sur la pelouse de Saint-Denis a éclaboussé la première période de sa classe. Auteur d’un essai, il a surtout pesé en bord de ruck et a dynamité chaque action offensive des Blacks. Les Bleus ont tant bien que mal essayé de lui « pourrir les sorties de rucks » ou de lui couper les connexions de passe. Mais le numéro 9 des Hurricanes, a, à chaque fois, su trouver une solution.
On en venait même à se demander comment les Bleus allaient réussir à contenir le feu follet, qui n’a cessé de mettre son équipe de l’avancée et bonifié les ballons pour sa ligne arrière. Mais ce dilemme, les Tricolores n’ont pas eu à se le poser. Pourquoi ? Car Scott Robertson a sorti son joyau, sûrement encore à court de rythme après son récent retour à la compétition. Résultat ? Cortez Ratima a fait son entrée. Et dire que ce dernier n’a pas pesé sur la rencontre est un doux euphémisme. Excellent avec les Chiefs, Ratima déçoit avec les Blacks. Au Stade de France, il a à peu près tout manqué et a souffert de la comparaison avec son prédécesseur.
Nous n’irons pas jusqu’à dire que la sortie de Roigard a contribué à creuser la propre tombe des Blacks. Elle n’est en revanche pas étrangère aux maux qu’ont pu connaître les joueurs à la fougère argentée dans la dernière partie de la rencontre. En tout cas, les Français ne s’en plaindront pas. Et ils ont bien raison.
Le Pays de Galles toujours plus inquiétant bat un triste record
Et de 11. En s’inclinant sur sa pelouse du Principality Stadium de Cardiff, le Pays de Galles a concédé sa onzième défaite consécutive. Un triste record dans l’histoire du XV du Poireau. Cette fois-ci c’était face à l’Australie. Et les Wallabies revigorés depuis quelques semaines, forts de leur succès à Twickenham (37-42) et bonifiés par leur sélectionneur John Schmidt ont étrillé des locaux trop faibles (20-57). Tom Wright, sur un nuage depuis quelques matchs, s’est offert un triplé, et les Australiens ont inscrit la bagatelle de huit essais, malgré le carton rouge asséné à Samu Kerevi.
Si l’Australie rassure et séduit, c’est donc une crise inquiétante et sans précédent que traverse le Pays de Galles. À n’en pas douter la pire de son histoire. Les protégés de Warren Gatland n’y arrivent plus et surtout, ne semblent plus en mesure de rivaliser avec des nations du Tiers 1. Leur dernière victoire en match officiel remonte au 7 octobre 2023 lors de la Coupe du Monde. Un succès 43-19 contre la Géorgie. Que faire pour remédier à cela ? Personne ne semble aujourd’hui avoir la réponse. Et la prochaine réception des Sud-afs, vainqueurs de l’Angleterre dans un match d’un niveau absolument gigantesque, n’augure rien de bon.
Tom Wright, où s’arrêtera-t-il ?
Mais quand est-ce que Tom Wright va s’arrêter ? L’arrière de 27 ans, a encore été une fois époustouflant sur la pelouse du Principality Stadium de Cardiff lors de la victoire des Australiens (20-57). Déjà auteur d’un grand match la semaine passée face au XV de la Rose, auteur d’un essai, le joueur des Brumbies a porté son total de réalisations à quatre en deux matchs. Capable également d’évoluer à l’aile, l’ancien treiziste y est allé de son hat-trick ce dimanche.
Outre ce triplé, c’est sa performance globale et des statistiques hallucinantes qui ont attiré notre attention. Jugez par vous-même. 243 mètres gagnés, 12 courses balle en main et 5 défenseurs battus ! Les mots nous manquent pour parler de la nouvelle masterclass de l’Australien qui semble pleinement s’épanouir désormais à l’arrière. Et si cela continue, Tom Wright pourrait bien être l’un des têtes de gondole des Wallabies en vue du Mondial 2027.
L’Afrique du Sud est insubmersible, Kolbe royal
L’Afrique du Sud est actuellement la meilleure équipe du monde. Rarement une nation n’avait dégagé, sur ces trois dernières années, une telle impression de domination. Ce samedi, les Springboks sont venus à bout d’une Angleterre séduisante, mais non récompensée de ses efforts (20-29). Car nous avons peut-être assisté à la première période de l’année, les deux équipes se rendant coup pour coup. Marcus Smith sur une inspiration géniale d’abord, puis Henry Slade sur une passe sublime sur le pas, permettront à Sleightholme de plonger en Terre promise. Avant que les joueurs de Rassie Erasmus, ne réagissent, sur un génial exploit personnel de Grant Williams, avant que Du Toit sur un double contre puis Kolbe, à la réception d’une diagonale millimétrée de Libbok n’y aillent de leur essai.
Ce même Kolbe qui marquera un doublé et confirmera aux yeux du monde qu’il est de retour au plus haut niveau. Toujours dans les bons coups, cassant de nombreux plaquages, insaisissables avec ses crochets, l’ancien toulousain et toulonnais, semble retrouver ses jambes après plusieurs saisons à alterner le chaud et le froid. Et l’Afrique du Sud s’en frotte les mains.