Après trois mois effrénés, le Top 14 laisse place pour deux week-ends aux compétitions européennes. En effet, la Champions et Challenge Cup version 2024-2025 reprennent leurs droits. Le Stade Rochelais qui ouvrira les hostilités, se déplacera à Bath, leader de Premiership. Un voyage outre-Manche délicat pour des Maritimes qui viennent de s’incliner sur leur pelouse contre Vannes (14-23). Surtout, ils devront se méfier du maître à jouer écossais, Finn Russell. Les deux clubs franciliens, le Stade Français et le Racing, affrontent respectivement le Munster et les Harlequins. Il sera question de s’oxygéner et penser à autre chose après une première partie de saison de Top 14 compliquée pour les clubs rivaux. L’UBB, frappée par une vague de blessés voudra prendre sa revanche sur Leicester alors que le jeune Mathys Belaubre fêtera sa première en pro avec Clermont. Opposé à Tommaso Menoncello, auteur d’un très bon début de saison, il devra se préparer à un duel musclé. Voici les informations du week-end à ne pas manquer.
La Rochelle ouvre le bal
C’est donc ce vendredi soir que démarre la Champions Cup version 2024-2025. Et c’est donc le Stade Rochelais qui ouvre le bal. Pour cette première, les Maritimes auront fort à faire en se déplaçant chez ce qui est sûrement la meilleure équipe anglaise du moment, Bath. Finalistes de Premiership l’an passé, actuels leaders du championnat avec seulement une défaite pour six victoires, les pensionnaires du Recreation Ground surfent sur une vague positive depuis plusieurs mois.
Dans la cité thermale anglaise, les Rochelais n’auront pas le droit à l’erreur dans une poule relevée. Surtout, il s’agira de relever la tête, après la dernière claque reçue à domicile en championnat. Alors troisièmes au classement, les protégés de Ronan O’Gara ont inexplicablement chuté sans bonus face à Vannes, promu aux dents longues (14-23). Dans leur enceinte de Deflandre et alors qu’ils réalisent une première partie de saison convaincante, les Rochelais n’ont jamais réussi à trouver la faille, face à des Bretons qui ont sans doute, réalisé l’exploit de ce début d’exercice.
Vous l’aurez donc compris, cette Champions Cup arrive à point nommé pour les Rochelais, qui vont pouvoir s’oxygéner avec une nouvelle compétition qui leur réussit à merveille. Les doubles champions d’Europe, malgré une élimination en quart de finale l’an passé au Leinster, se savent attendus à chaque journée. Et ce sera donc le cas ce vendredi soir à Bath pour l’une des affiches de la journée.
Les Jaune et Noir ne s’avanceront pas dans le costume de favoris et devront se méfier particulièrement d’un joueur : Finn Russell. L’Écossais, véritable génie de ce jeu, longtemps passé par le championnat français et le Racing 92 fait les beaux jours de son équipe. Et Rémy Talès, membre du staff rochelais, dans des propos repris par Midi Olympique ne s’y trompait pas : « C’est le dépositaire du jeu de Bath et de l’Écosse. Oui il est fantasque mais c’est un fantasque très cadré. Je pense qu’il a pris en maturité par rapport à avant. Il est fantasque dans le sens où il est tellement fort techniquement qu’il est capable de te faire une passe au pied, ou d’allonger une passe de 20 mètres dans n’importe quelle position. De voir les coups avant les autres. De jouer des coups que seul lui a vu, mais auxquels il croit tellement que tout devient positif. C’est le point essentiel de leur équipe et on va jouer une belle équipe avec un grand dix ».
Aux Rochelais de mettre la pression à la plaque tournante de Bath pour essayer d’enrayer la machine et ce collectif bien huilé.
Le Stade Français et le Racing pour oublier le Top 14
Les clubs parisiens vivent des saisons pour le moins similaires. Mais dans le mauvais sens du terme. Habitués à jouer le haut du tableau en championnat, les deux formations rivales connaissent des difficultés. Les Parisiens pointent à une inquiétante douzième place alors que les Racingmen, certes huitièmes ne sont pas bien mieux, seulement quatre points devant les soldats roses.
Alors cette parenthèse européenne devra permettre aux deux équipes de faire un break et penser à autre chose qu’au Top 14. Le Stade Français, qui n’a pas réussi à sortir des poules la saison dernière, espère enfin mieux figurer en Champions Cup. C’est en tout cas ce que déclarait Jeremy Ward en conférence de presse : « C’est une compétition très importante pour nous. L’an dernier nous n’avons pas été assez bons. Mais cette année, on veut cibler cette Champions Cup. Je pense, qu’on a le groupe pour relever un grand défi au Munster. Si on veut être une équipe à la hauteur de l’histoire du Stade Français, on doit être capable de jouer les deux compétitions. » Car vous l’aurez bien compris, le défi s’annonce immense pour les hommes de Laurent Labit qui se rendront à Thomond Park pour y défier le Munster (samedi 18h30). Malgré une équipe quelque peu rajeunie, le club de la capitale doit s’appuyer sur cette jeunesse pour insuffler une nouvelle dynamique et prendre exemple sur l’Aviron Bayonnais, qui, lui aussi avec des joueurs de son centre de formation, était allé décrocher un nul inespéré à Limerick.
De son côté, le Racing aura peut être une tâche moins insurmontable sur le papier mais néanmoins loin d’être facile. À Créteil, les Franciliens reçoivent des Harlequins (samedi 21h) qui les avaient battus la saison passée, également en ouverture de la compétition (28-31). Les Quins, portés par un Marcus Smith au sommet de son art avec la sélection qui devra confirmer sa belle forme du moment en club, pointent à une décevante septième place pour l’instant en championnat, avec quatre défaites au compteur, pour trois victoires. Mais le Racing ne devra pas prendre son adversaire du jour à la légère. La pelouse de Créteil, peut en revanche être un avantage pour les coéquipiers de Fickou, qui avaient subi les assauts répétés des Londoniens et leurs immenses qualités derrière, sur le synthétique de l’Arena. Toujours est-il qu’après deux défaites consécutives, le Racing 92 cherchera à retrouver le goût du succès. Et cette Champions Cup en est le parfait moyen.
Une Union Bordeaux-Bègles décimée veut sa revanche
Pour son entrée en lice en « Coupe d’Europe », l’Union Bordeaux Bègles retrouvera une vieille connaissance sur sa pelouse de Chaban Delmas. Les Anglais de Leicester. Et les Girondins, auront soifs de revanche face aux « Tigres ». Pourquoi ? Car il y a trois ans, les Bordelais s’étaient inclinés à domicile face à ce même adversaire (13-16).
Dans un match mené d’une main de maître par George Ford, clinique dans le jeu au pied d’occupation, les locaux impuissants, n’avaient pu renverser la partie. L’UBB voudra donc remettre les pendules à l’heure face à son adversaire du jour. Outre ce petit historique entre les deux formations, l’objectif sera surtout de démarrer parfaitement la campagne continentale face au troisième de Premiership. Mais Yannick Bru et son staff ont du faire face à bon nombre d’imprévus. Une cascade de blessés notamment après la courte victoire contre le MHR (9-6), samedi dernier.
Tenez-vous bien. Le jeune pilier Mathis Perchaud s’est luxé une épaule. Cyril Cazeaux, en grande forme jusqu’à présent, pourrait souffrir d’une fracture à un doigt de pied. En troisième ligne c’est l’hécatombe. En plus de Temo Matiu, victime d’une commotion contre Vannes, d’ores et déjà forfait, Pierre Bochaton (entorse de la cheville), Marko Gazzoti (crête iliaque) et Tevita Tatafu (pied), seront tous indisponibles pour la réception de la bande à Ben Youngs.
Les deux arrières Nans Ducuing et Romain Buros sont absents alors que le solide centre Rohan Janse van Rensburg est incertain. Louis Bielle-Biarrey sera de son côté en congés alors que Damian Penaud, sur le retour après une infection pulmonaire, ne prendra part à cette affrontement. Bref, une pléiade d’absents et une véritable scoumoune dont Yannick Bru se serait bien passé. Reste à voir si l’UBB arrivera à passer outre et passer l’obstacle Leicester.
Première en pro pour le jeune Belaubre : un duel musclé face à Menoncello
Pour son retour en Champions Cup, Clermont recevra ce samedi le Benetton Trévise au Michelin (14 heures). Si les Jaunards partent favoris sur le papier, ils devront se méfier de cette équipe transalpine qui compte dans ses rangs des joueurs de haut niveau. On pense aux internationaux argentins Tomas Albornoz, Thomas Gallo ou Agustin Creevy (qui a pris récemment sa retraite internationale). Mais n’oublions pas le fort contingent de joueurs italiens évoluant pour la Squadra Azzura. Pêle-mêle, on retrouve les Negri, Brex, Garbisi, Lynagh, Ruzza, Canone ou Ferrarri.
Alors on vous voit venir. Oui, nous avons volontairement oublié Tommaso Menoncello. Pourquoi ? Car nous allons nous attarder sur le surpuissant centre (1m87-101kg) de 22 ans. Auteur d’une saison remarquable, sûrement l’un si ce n’est le meilleur joueur italien actuel, le natif de Trévise sera opposé à l’attraction de la journée.
Car en face, en l’absence de Léon Darricarrère (ischio) ou George Moala (commotion), c’est le tout jeune Mathys Belaubre (19 ans, 1m88-109kg), qui prendra place au centre du terrain. International des moins de vingt ans, le trois-quarts centre n’a toujours pas disputé la moindre minute en pro avec Clermont. Ce sera chose faîte dès demain. Un évènement. Et Christophe Urios, s’en est expliqué en conférence de presse : « Il fait partie de ces jeunes que l’on suit et font partie du plan de succession. Il n’a pas encore lancé sa saison, car il était arrivé en retard en raison de sa sélection. Il est parti aussi en stage avec les Bleuets cet automne. On a envie de le voir […] Les bonnes conditions sont réunies, on est dans une bonne dynamique et on joue à la maison. Il sera encadré par Fritz Lee, par Seb Bézy, Benji Urdapilleta ou Pierre Fouyssac, des joueurs chevronnés, ça ne peut pas être mieux. À lui de jouer”.
Et comme expliqué précédemment, c’est un gros morceau auquel il sera opposé. Sûrement l’un des meilleurs premiers centres d’URC, très technique mais aussi extrêmement puissant. Un baptême du feu compliqué mais quoi de mieux, qu’une première face à un adversaire redoutable pour se lancer parfaitement dans le grand bain. Comme l’a très bien dit le manager auvergnat, c’est désormais à lui de jouer.