Jaminet, un transfert qui dérange : Didier Lacroix, victime ou stratège ?

Le Stade Toulousain sort de sa réserve. Au cœur d’un dossier explosif sur le transfert de Melvyn Jaminet, son président Didier Lacroix contre-attaque.

Dans une longue lettre envoyée à la Ligue nationale de rugby, il dénonce les conditions de la procédure, critique la médiatisation de l’affaire et annonce une riposte judiciaire. En toile de fond, un affrontement entre un club historique et des instances en quête de fermeté.

Un transfert aux contours flous

En 2022, Melvyn Jaminet quitte Perpignan pour rejoindre Toulouse, alors qu’il lui reste un an de contrat. Pour libérer ce dernier, il règle lui-même 450 000 euros de clause, financés par deux emprunts. Il devait être remboursé par son nouveau club… ce qui ne s’est jamais produit. Résultat : l’affaire attire l’attention du salary cap manager, et déclenche une procédure de médiation qui se termine en mars 2025 avec une amende de 1,3 million d’euros infligée au club rouge et noir.

Le joueur, parti depuis à Toulon, a trouvé un accord financier avec Toulouse. Mais l’affaire, elle, est loin d’être close.

Lacroix assume… et accuse

Dans une lettre de cinq pages, transmise à la LNR et révélée notamment par Le Figaro et Rugbyrama, Didier Lacroix reconnaît un manque de vigilance. Il admet avoir confié la gestion du dossier à des intermédiaires externes, parmi lesquels Arnaud Dubois, aujourd’hui président du Biarritz Olympique, et la société Pacific Heart. « Nous n’aurions jamais dû leur confier nos intérêts », écrit-il noir sur blanc.

Mais le président toulousain ne s’arrête pas là. Il affirme que l’affaire a été médiatisée de manière partiale, avec des fuites orchestrées pour nuire à l’image du club, et accuse la Ligue d’avoir longtemps toléré des pratiques aujourd’hui dénoncées.

Une riposte judiciaire préparée

Toulouse ne veut pas en rester là. Un cabinet d’avocats a été mandaté pour lancer une action judiciaire, sur un terrain que Lacroix veut clairement juridique. La ligne de défense ? Les clauses libératoires comme celle de Jaminet seraient illégales selon l’article L.131-16 du Code du sport, car elles contournent indirectement le salary cap.

Il ne s’agit pas pour autant de remettre en question le principe du plafonnement salarial. Le Stade veut plutôt démontrer que le problème est structurel, et que l’encadrement actuel ouvre la porte à des dérives.

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LNR : vers une reprise en main

Cette contre-attaque toulousaine intervient alors que la LNR, sous la houlette de Yann Roubert, nouveau président, affiche sa volonté de resserrer les boulons. Il a déjà annoncé qu’il souhaitait durcir les règles du salary cap, avec un message clair : plus de passe-droits, encore moins en cas de récidive.

Cette affaire pourrait ainsi faire figure de tournant, en forçant les clubs à plus de transparence dans les transferts et conventions annexes.

Communication, image et réputation

L’autre bataille engagée est celle de l’image. Lacroix accuse la Ligue d’avoir voulu faire un exemple en ciblant Toulouse. Il estime que d’autres clubs auraient recours à des pratiques similaires, sans être inquiétés. Il critique aussi la pression médiatique, qui aurait amplifié le dossier et salit l’institution toulousaine.

Il annonce la mise en place d’un programme de conformité interne, destiné à prévenir de futures affaires. Un mea culpa partiel, mais surtout une volonté de redresser la barre sans tout encaisser en silence.

Un précédent lourd de conséquences

Au-delà du cas Jaminet, cette affaire pose des questions de fond. Qui encadre vraiment les transferts ? Les règles sont-elles appliquées de la même manière à tous ? Et où commence la faute dans un système où les lignes sont souvent floues ?

Le Stade Toulousain veut croire qu’il a été piégé par un système bancal, mais ses adversaires pointent des pratiques discutables. En tout cas, le débat est lancé, et Didier Lacroix, loin de se poser en simple victime, entend prendre l’initiative sur un terrain qu’il connaît bien : celui du rapport de force.

Source : Le Figaro

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J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO