Galthié déjà sous pression avant les Blacks, Jordan et Roigard les dangers, Alldritt au révélateur Sititi, Skelton de retour avec l’Australie : les infos à ne pas manquer avant ce week-end

Fragilisé par la récente histoire avec Matthieu Jalibert, Fabien Galthié n’a peut-être jamais été autant décrié qu’à l’heure actuelle. Une victoire face à des Blacks en pleine confiance pourrait permettre au sélectionneur de prendre une belle bouffée d’oxygène (coup d’envoi 21h10). Chez les Néo-zélandais justement, focus sur deux joueurs ô combien dangereux. L’arrière Will Jordan, chasseur d’essais, qui semble s’être définitivement installé avec le numéro 15 dans le dos chez les Blacks. Mais aussi Cameron Roigard, demi de mêlée revenu tout juste de blessure, qui pourrait transfigurer le jeu des hommes frappé de la fougère. De son côté, en demi-teinte depuis le début de saison, Grégory Alldritt se sait attendu face au phénomène Wallace Sititi. L’occasion idéale pour se relancer. Dans les autres rencontres du week-end, on note le retour du Rochelais Will Skelton avec l’Australie, pour le déplacement au Pays de Galles (dimanche, 17h10). Voici les informations qu’il ne fallait pas manquer avant ce week-end.

Fabien Galthié déjà sous pression

La rencontre qui se profile face aux All Blacks relève d’une importance capitale. Pourquoi ? Car Fabien Galthié, le sélectionneur tricolore se retrouve déjà sous pression. On exagère ? À peine. À la sortie d’une Coupe du Monde « manquée », d’un Tournoi des 6 Nations en demi-teinte et d’une tournée en Argentine, davantage marquée par les tristes affaires extra sportives que par le contenu sur le terrain, l’homme fort des Bleus n’a pas été épargné par la vox populi qui a parfois pointé du doigt son management. Pire encore, il se retrouve dans une situation plus qu’embarrassante, décidant de se passer des services d’un Matthieu Jalibert étincelant depuis le début de saison avec l’Union Bordeaux Bègles. Chose qui n’a pas manqué de faire réagir les aficionados de la balle ovale en Hexagone.

En l’absence d’un Romain Ntamack une énième fois blessé, l’ouvreur girondin, attaquant de génie, a subitement été déclassé par son sélectionneur au profit d’un Thomas Ramos, arrière, mais qui a livré une fort belle copie contre le Japon. Lors du dernier Tournoi des 6 Nations, Jalibert s’était blessé, et le Toulousain avait dès lors assuré l’intérim avec brio. C’est sûrement cette dynamique qu’a voulu prolonger Fabien Galthié.

Le souci ? C’est que Jalibert n’a peut-être jamais été aussi performant. Joueur hors pair en attaque, doté d’un génie offensif dont peu de joueurs peuvent se targuer d’avoir, le Bordelais a certes, des lacunes en défense qui ont pu parfois lui faire défaut. Aujourd’hui, il s’est amélioré, et a su surtout devenir un vrai gestionnaire. Il n’a certainement jamais été aussi complet. Si Galthié justifie cette absence par la forme du moment ou autre excuse farfelue, la réalité semble tout autre. Si l’on ne sait pas tout et que nous ne sommes pas à l’intérieur du groupe, le ressort parais cassé entre le demi d’ouverture et son coach. Réserviste pour le match de samedi contre les Blacks, « MJ », affecté par ce déclassement a finalement décidé de rentrer à Bordeaux. Une demande acceptée par le staff des Bleus. Certains pointeront l’individualisme de l’ouvreur quand d’autres n’hésiteront pas à fustiger les choix du sélectionneur.

Un déclassement d’un joueur unique, avec certes ses failles, mais sûrement l’un des meilleurs au poste actuellement qui fait donc jaser depuis de nombreux jours. Galthié, par ses choix, notamment celui de lancer Romain Buros directement dans le grand bain sans lui avoir fait connaître les joies d’une sélection contre le Japon, est décrié. Le sélectionneur français ne s’est peut-être jamais retrouvé sous une telle pression. Et c’est en cela qu’il sera attendu au tournant dès ce samedi soir contre une redoutable Nouvelle-Zélande. Une victoire et alors tout ceci risque d’être balayé du revers de la main par une majeure partie du public. Une défaite et la rencontre contre l’Argentine s’annonce sous haute tension. Excepté les matchs lors des compétitions majeures (Coupe du Monde, Tournoi des 6 Nations), la partie face aux Blacks est assurément l’une des plus importantes depuis la prise de fonction de Fabien Galthié.

Will Jordan, protégez vos arrières !

Que ces All-Blacks font peur ! Sous la houlette de leur nouveau sélectionneur Scott Robertson, en place depuis seulement quelques mois, le pays du long nuage blanc semble enfin avoir trouvé la formule gagnante. Certes, les hommes à la fougère se sont inclinés à trois reprises lors du dernier Rugby Championship. Certes, ils n’ont pas toujours été séduisants dans leur jeu. Mais le système mis en place par Robertson prend du temps et porte enfin ses fruits aujourd’hui. Le nouvel entraîneur néo-zélandais veut s’appuyer sur un vécu commun. Et les joueurs, qui commencent enfin à trouver des automatismes, sortent de deux victoires ô combien révélatrices des progrès entrevues depuis cet été. Même s’ils sont en fin de saison, les Blacks sont venus à bout des Anglais à Twickenham (22-24), avant de faire trébucher, une pâle Irlande, sans forcer leur talent (13-23). Certes en bout de course après une saison éreintante, les hommes en noirs se présentent au Stade de France avec la ferme intention de poursuivre leur invincibilité. Et les Bleus devront se méfier du serial marqueur Will Jordan, auteur de 37 essais en 39 sélections sous la tunique de la fougère argentée. Des stats hallucinantes.

Car si Damian Mckenzie occupait le poste d’ouvreur et Beauden Barrett celui d’arrière, les cartes ont peu à peu été redistribuées en fin de Rugby Championship. Barrett a glissé à l’ouverture quand Jordan, principalement ailier chez les All Blacks, a retrouvé son poste d’arrière, qu’il occupe chez les Crusaders. Avec le numéro 15 dans le dos, le joueur de 26 ans s’est montré encore plus décisif qu’à l’aile et a épaté. Une fois n’est pas coutume, il a inscrit un essai contre l’Angleterre et contre l’Irlande. Face au XV du Trèfle, Mckenzie, joueur génial, s’est illustré en l’absence de Barrett. À la sortie d’une telle performance, on aurait imaginé que le génie néo-zélandais serait reconduit à l’ouverture et que Barrett, de retour ce samedi serait aligné dans le fond du terrain, Jordan glissant de nouveau à l’aile. Il n’en sera finalement rien. Au milieu de ces choix de riche, et de ces trois joueurs exceptionnels, Robertson a décidé de « sacrifier » Mckenzie qui sera remplaçant au coup d’envoi samedi. De ce fait, Beauden Barrett retrouve sa place d’ouvreur et Jordan reste positionné à l’arrière. Un choix très fort qui prouve que ce dernier est peut-être définitivement devenu le titulaire indiscutable au poste chez les « Tout Noirs ». Très bon dans les airs, relanceur exceptionnel, capable de breaker n’importe quelle défense, bon au pied, il faut dire que Will Jordan a mis tout le monde d’accord ces dernières semaines. Au sein d’un poste dans lequel il brille de mille feux avec la panoplie complète d’un 15 de très haut niveau, les Bleus devront se méfier de ce joueur feu follet qui s’épanouit de plus en plus. C’est bien simple, à l’heure de l’écriture de ces lignes, et en l’absence de Mark Telea, il est, à n’en pas douter, le Néo-zélandais le plus dangereux, balle en main. Un homme averti en vaut deux.

Roigard, la relève à la mêlée ?

Autre joueur black sur lequel nous avons voulu nous attarder, Cameron Roigard. On aurait pu vous faire découvrir le phénomène Wallace Sititi, troisième ligne absolument formidable qui ne cesse d’impressionner la sphère rugbystique. Mais nous avons jeté notre dévolu sur Roigard, celui-ci pouvant transformer le visage de cette équipe. Pourquoi ? Car depuis la retraite d’Aaron Smith, la Nouvelle-Zélande se cherche un demi de mêlée. TJ Perenara prendra sa retraite internationale à la fin de l’escapade automnale. De ce fait, c’est le jeune Cortez Ratima (23 ans) qui a endossé le numéro 9 sur les dernières sorties. Le joyau des Chiefs, très talentueux en club, n’a cependant pas encore réellement convaincu en équipe nationale. Sa dernière sortie contre l’Irlande fut poussive et la rentrée de Roigard a totalement transfiguré le visage des Blacks. Ce dernier, blessé gravement au tendon rotulien en début d’année 2024, a retrouvé il y a peu la compétition. Ce qui explique les débuts sur le banc du joueur de 23 ans. Mais face aux Bleus, il trouvera une place de titulaire et devra confirmer toutes les belles promesses entrevues. Son explosivité, sa rapidité et sa gestion pourraient faire de lui le futur titulaire indiscutable au poste. Une chose est sûre son retour est tout sauf une bonne chose pour nos Bleus. Et son association avec Barrett a de quoi donner des sueurs froides. Mais en face, les Français auront du répondant avec notamment une charnière Dupont-Ramos qui n’a pas à rougir, loin de là.

Alldritt au révélateur Sititi

Homme de base du système Galthié, Grégory Alldritt (27 ans, 50 sélections), est pointé du doigt depuis quelques temps. Joueur pourtant irréprochable, son début de saison n’est pas aussi bon que d’habitude, au point de soulever certaines interrogations. Pourtant, le numéro 8 rochelais aura fort à faire ce samedi au Stade de France. Car en face de lui, se présentera Wallace Sititi (22 ans, 1m85, 113kg), véritable phénomène aux antipodes du globe. Capable d’évoluer aussi bien comme flanker que numéro 8, le joueur des Chiefs est annoncé comme troisième ligne centre contre la France, Ardie Savea étant titularisé en troisième ligne aile. Les deux joueurs pourraient, suivant les phases de jeu, interchanger les positions, mais qu’importe, c’est un vrai roc qui se présentera devant Grégory Alldritt. Infatiguable plaqueur, jamais avare d’efforts, avec une activité débordante, Sititi n’a cessé d’impressionner. Encore plus depuis le match contre l’Angleterre où il a également fait parler sa technique, offrant un essai à Telea sur un offload génial. Vous l’aurez compris, le défi qui attend Alldritt est grand.

Et c’est justement dans ce genre de rendez-vous que l’on attend le colosse rochelais. Moins en vu, certes, nous n’avons aucun doute. Le numéro 8 français saura monter le curseur et retrouver le niveau qui était le sien auparavant. C’est en tout cas l’occasion rêvée de faire taire les sceptiques face à une opposition de très haut niveau. Quoiqu’il en soit, ce duel de titans risque de faire frissonner et surtout résonner l’enceinte parisienne.

Will Skelton de retour avec l’Australie

Épatante Australie. Au bord du gouffre il y a peu, les Wallabies ont sorti un match exceptionnel ce samedi à Twickenham, s’imposant dans les derniers instants face aux Anglais (37-42). Portés par leurs anciens treizistes, Tom Wright et Joseph Sua’ali’i, les coéquipiers de Rob Valetini ont montré des signes encourageants pour la suite de cette tournée. La suite justement, c’est ce déplacement au Principality Stadium de Cardiff contre le Pays de Galles pour confirmer ce regain de forme. Et petit évènement, puisque le joueur du Stade Rochelais Will Skelton commencera la partie. Il sera titularisé en deuxième ligne avec Nick Frost. Le joueur de 32 ans aux 30 sélections, jouera là son premier match international en 2024. S’il venait à disputer la suite de la tournée automnale avec son pays, il pourrait manquer les prochaines échéances en Top 14 avec son club de La Rochelle et notamment le déplacement à Castres.

Autre retour marquant, celui de Samu Kerevi qui fêtera sa cinquantième sélection. Le trois-quarts centre, plus appelé depuis le mondial 2023, sera aligné à Len Ikitau qui retrouve une place naturelle de second centre, poussant sur le banc Joseph Sua’ali’i. Ce dernier, arraché par la fédération australienne au XIII, pour des sommes records, et élu homme du match contre l’Angleterre pour son premier match de rugby à XV depuis ses années lycées, sera sur le banc des remplaçants.