Ce vendredi soir au Stade de France (coup d’envoi 21h10), le XV de France cloturera sa tournée d’automne par la difficile réception de l’Argentine. Les Bleus ne devront pas tomber dans le piège de Pumas qui réalisent une année 2024 exceptionnelle, portés par des joueurs qui se sont affirmés au plus haut niveau. C’est le cas de Juan Cruz Mallia, ou Tomas Albornoz. Focus sur deux potentiels dangers pour les hommes de Fabien Galthié. Après deux semaines de trêve, le Top 14 reprend ses droits ce week-end. Le Stade Français, devra briser la malédiction à domicile contre le Racing 92 afin de prendre de l’air sur la zone rouge. Enfin, le LOU voudra se relancer après trois défaites de rang. On fait le point sur les dossiers chauds avant ce week-end.
Les Bleus pour bien finir la tournée
Le XV de France réalise, jusqu’à présent, une campagne automnale parfaite. Vainqueurs du Japon puis de la Nouvelle-Zélande, les partenaires d’Antoine Dupont, doivent désormais finir cette série en beauté ce vendredi soir avec la réception de l’Argentine. Mais n’allez pas prendre ces Pumas de haut. L’affaire s’annonce corsée. Les Argentins sortent d’un Rugby Championship de très haut niveau. Rendez-vous compte, ils sont allés s’imposer en Nouvelle-Zélande (38-30), ont infligé un revers historique à l’Australie (67-27), avant de battre une Afrique du Sud quasi invincible, lui infligeant sa seule défaite sur les neuf derniers matchs (29-28). Et les hommes de Felipe Contepomi ont poursuivi leur bonne lancée en étrillant l’Italie pas plus tard qu’il y a quinze jours. Mieux encore, ils ont failli sortir vainqueur de leur confrontation face à l’Irlande (22-19). Un en-avant à une dizaine de mètres de la ligne locale alors que le temps était terminé a eu raison de leurs velléités.
N’oublions pas non plus, que la bande à Pablo Matera a bénéficié d’un jour de repos en plus que les Tricolores. Tant d’éléments qui nous poussent à la prudence. Alors face à une équipe argentine si séduisante, le XV de France ne devra pas baisser pavillon ni laisser de place au relâchement. La victoire contre les All Blacks a permis à la formation cornaquée par Galthié, de reprendre une certaine confiance. Il faudra surfer sur cette dynamique positive pour venir à bout d’un adversaire en pleine bourre. Et surtout, se rappeler ce soir de novembre 2014. Alors qu’ils sortaient d’une superbe victoire contre l’Australie (29-26), les Français s’étaient totalement délités face aux Pumas (13-18), encaissant une défaite surprise, contre une équipe en état de grâce. Nicolas Sanchez avait transformé trois drops alors que Juan Martin “El Mago” Hernandez, en avait aussi inscrit un. Alors méfiance. Mais cette équipe a toutes les armes pour terminer son année 2024 sur une bonne note. Messieurs, à vous de jouer.
L’homme à suivre : Juan Cruz Mallia, le meilleur arrière de la planète ?
Et si Juan Cruz Mallia, le trois-quarts polyvalent des Pumas et du Stade Toulousain, était, à l’heure de l’écriture de ces lignes, le joueur le plus sous côté du microcosme rugbystique ? Cette hypothèse, est loin d’être saugrenue tant le joueur de 28 ans (42 sélections) illumine, depuis désormais plusieurs mois, les pelouses qu’il foule.
En débarquant en catimini dans la Ville rose au cœur du mois de janvier 2021, personne ne prédisait un tel avenir à l’enfant de Córdoba. Réputé pour être un excellent joueur, capable de couvrir tous les postes des lignes arrières, il est présenté comme le parfait « utility back ». De là à penser qu’il deviendra une référence trois ans plus tard, il y a un monde.
À Toulouse, après des débuts compliqués, il s’impose et devient l’un des indispensables de la ligne arrière. Outre ses nombreux titres glanés, c’est sa polyvalence extrême qui impressionne. Car s’il change régulièrement de poste, ce sont ses performances qui restent en tête. À chaque fois, l’Argentin s’amuse, bonifie ses partenaires et s’affirme comme l’un des meilleurs joueurs, qu’importe la position à laquelle il est aligné. En février dernier, lors de la blessure de Romain Ntamack et de la convocation de Thomas Ramos au 6 Nations, il s’épanouit à l’ouverture au point d’ être l’un des meilleurs numéros 10 du championnat. Titularisé à l’aile en finale de championnat, beaucoup s’insurgent alors contre sa non-nomination pour le titre de meilleur joueur de la saison en Top 14.
Avec sa sélection, c’est à l’arrière qu’il s’est installé. Et au vu de sa saison en club et de ses récentes sorties sous le maillot ciel et blanc, on est en droit de se demander si Juan Cruz Mallia n’est pas le meilleur joueur de la planète à son poste. En 15, seul Will Jordan à l’heure actuelle est en mesure de le regarder dans les yeux. Jugez par vous-même. Le Pumas, titulaire sur cinq des six matchs de Rugby Championship a inscrit trois essais lors de la compétition estivale. Au cours de cette tournée automnale, il a franchi la ligne à deux reprises sur les deux derniers matchs, dont un bijou pas plus tard que vendredi dernier. Opposé à l’Irlande, Mallia s’est joué de toute la défense locale, pour planter un essai absolument sublime, mettant sur les fesses Mack Hansen d’un crochet fou, relançant alors son équipe.
Toujours dans l’anticipation, doté d’un QI rugby supérieur à la moyenne, impeccable au pied et danger permanent offensif, il atteint sûrement son plein potentiel. Le XV de France est prévenu et devra se méfier du facteur X argentin. Juan Imhoff, ancien ailier de l’Argentine et du Racing 92, se montrait dithyrambique à son sujet, dans l’émission “Basta Show” : “Il joue tous les postes […] Ce mec , il anticipe tout. Il est en avance sur tout le monde. C’est incroyable d’avoir un joueur comme ça aujourd’hui pour l’équipe nationale. Ça me rappelle les Juan Martin Hernandez, etc. Il est sur une autre planète. Il est capable de tout voir, de tout entendre et c’est magique d’avoir un joueur comme ça, c’est inspirant. Il est jeune, il est dans un très gros club […] Mon fils, il va grandir en regardant Juan Cruz Mallia, et je suis fier de ça.”
Tomas Albornoz s’est fait un nom
À l’aube du précédent Rugby Championship, le nom de Tomas Albornoz ne vous évoquait peut-être pas grand-chose. Et à juste titre. L’ouvreur de 27 ans, a roulé sa bosse en Argentine avant de rejoindre l’Italie et le Benetton Trevise en 2021. Rien n’indiquait que l’ouvreur, natif de Tucuman, deviendrait l’un des fers de lance de la sélection argentine.
Avant cela, il connaît ses premières sélections à l’été 2022 profitant des forfaits de Benjamin Urdapilleta ou Domingo Miotti. Mais sans bousculer l’ordre établi. Jusqu’à cet été, Santiago Carrerras, pourtant ailier ou arrière de formation, continuait à œuvrer à l’ouverture. On se demandait, s’il n’était pas judicieux d’ailleurs, d’inverser Carrerras et Mallia, le premier n’ayant jamais donné de grandes garanties à ce poste et ce dernier étant époustouflant en club à l’ouverture. Mais un homme est venu mettre tout le monde d’accord et changer la hiérarchie.
Vous l’aurez compris, on parle bien évidemment d’Albornoz. À 27 ans, il s’est affirmé, prenant de plus en plus d’assurance, au point de pousser Carrerras sur le banc. Remplaçant au début du Rugby Championship, il est devenu titulaire au cours des trois derniers matchs, inscrivant deux essais. Démarrant également les deux parties de la tournée d’automne, il a une nouvelle fois plongé en Terre promise en Italie (18-50). Excellent buteur, Albornoz a la panoplie complète du très bon demi d’ouverture. Révélé sur le tard, son allant offensif a transformé la ligne d’attaque argentine. Un parcours atypique, pour un joueur que la troisième ligne française devra surveiller comme le lait sur le feu.
Le Stade Français pour briser la malédiction
Ça y est ! Après deux semaines de trêve, le Top 14 fait son grand retour ce week-end pour le compte de la 10e journée. Et ce dimanche (coup d’envoi 21h05), le stade Jean Bouin va se vêtir de ses plus belles couleurs pour accueillir le derby francilien. Le Stade Français, 13e reçoit son voisin et rival Racingman, 8e. Un choc entre deux formations habituées à jouer les premiers rôles, qui pataugent depuis la reprise. Sur courant alternatif, le Racing n’a semble-t-il toujours pas trouvé la bonne formule. Sans fond de jeu, les hommes de Stuart Lancaster ont cependant remporté certains matchs cruciaux qui leur permettent de rester accrochés au wagon des qualifiables.
Ce qui n’est pas le cas du Stade Français Paris qui vit une saison cauchemardesque. Avec seulement trois petits succès en neuf matchs, les coéquipiers de Paul Gabrillagues semblent condamnés à jouer le maintien. Handicapés par les blessures de joueurs majeurs devant, les pensionnaires de Jean Bouin, pas vernis il est vrai, inquiètent aussi dans le contenu. Et quoi de mieux qu’un derby pour relancer la machine ? À vrai dire, les soldats roses n’ont pas vraiment le choix, sous peine de voir l’avenir s’assombrir dangereusement.
Surtout, les Parisiens devront conjurer le mauvais sort. S’ils s’imposent régulièrement à l’extérieur dans le derby, paradoxalement ce n’est pas le cas à domicile. À Jean Bouin, les protégés de Laurent Labit n’ont plus remporté un match contre le Racing 92 depuis 2017 (victoire 27-23) ! À cette époque, les Sergio Parisse, Djibril Camara ou Pascal Papé portaient encore les couleurs stadistes. Les locaux restent sur une terrible série de huit défaites consécutives (7 en championnat, 1 en Champions Cup). Il sera donc question de laver cet affront. Et quelque chose nous dit que les Parisiens vont justement sortir vainqueurs de cet affrontement.
Face à un Clermont en difficulté à l’extérieur, le LOU doit relancer la machine
Après un début d’exercice 2024/2025 canon, le LOU a quelque peu baissé en régime. Les Rhodaniens restent sur une inquiétante série de trois défaites consécutives. Pourtant séduisant pendant les premiers mois, avec un jeu attractif et des facteurs X à tous les postes, les coéquipiers de Baptiste Couilloud ont flanché.
Après une trêve qui a permis de recharger les batteries et face à un Clermont en difficulté à l’extérieur, le LOU devra relancer la machine. Pour rappel, les Auvergnants n’ont toujours pas ramené le moindre point de leurs déplacements. S’ils arriveront revanchards en terre lyonnaise, pas sûr que cela soit suffisant. Aux locaux d’en profiter. Une victoire leur permettrait de remonter la pente mais surtout se replacer dans leurs objectifs initiaux, à savoir une qualification dans les six premiers, afin d’effacer la précédente saison ratée. Réponse ce samedi.