Défaite en Irlande (27-22) pour la première journée du Tournoi des 6 Nations, l’Angleterre a cependant montré un visage séduisant en première période, dans la lignée de ses récentes sorties. Malheureusement pour Steve Borthwick, ses hommes ont fini par réduire la voilure lors du second acte, piocher physiquement et laisser les locaux prendre l’ascendant au terme d’une partie à grosse intensité. Prochain adversaire de nos Bleus à Twickenham, le XV de la Rose pourrait cependant connaître quelques modifications, et donc procéder à des remaniements dans son équipe de départ au moment de recevoir son rival latin. C’est en tout cas ce qu’il se murmurait dans la presse anglo-saxonne et notamment au sein du Telegraph. Alors quelle stratégie s’apprête à mettre en place les Anglais, à quelques jours du « Crunch » ?
Ben Earl sur le banc ou aligné comme flanker ? Tom Willis en 8
Selon le journal britannique donc, la première modification pourrait avoir lieu au sein du huit de devant. Pourtant très bon contre l’Irlande, le troisième-ligne centre Ben Earl pourrait céder son numéro huit à Tom Willis, joueur des Saracens et frère de Jack, le flanker du Stade Toulousain. Cette réorganisation, pousserait-elle Earl sur le banc ? Pas sûr. En effet, Ben Curry pourrait finalement, malgré son hyperactivité défensive face au XV du Trèfle (15 plaquages), laisser sa place à Earl, qui glisserait sur l’aile de la troisième-ligne. De ce fait, nous aurions donc une triplette formée de Tom Curry, Bean Earl et Tom Willis.
Finn Smith en 10, une volonté de densifier sa défense ?
Autre nouveauté, Marcus Smith, toujours aussi génial balle en main, mais plus friable défensivement, pourrait glisser à l’arrière et laisser sa place à Fin Smith, l’ouvreur de Northampton. À seulement 22 ans, ce dernier retrouverait son partenaire de la charnière chez les Saints, Alex Mitchell, avec qui les automatismes viendraient naturellement.
Le choix de titulariser Fin Smith peut s’expliquer par plusieurs raisons. La première ? La volonté de densifier son secteur défensif. Celui-ci, très sûr dans ce domaine-là, offre davantage de garanties qu’un Marcus Smith, parfois en difficulté. Pas plus tard que samedi dernier, il n’a pu empêcher Bundee Aki d’inscrire un essai qui a définitivement fait basculer la partie du côté des Celtes. Pour la défense du joyau des Harlequins, le très solide centre du Connacht (1m78-101kg), était lancé à pleine vitesse, alors que Smith, revenait en catastrophe pour tenter de combler un surnombre en bout de ligne. Nous sommes durs, c’est vrai, mais plusieurs personnes lui ont cependant reproché, notamment sur les réseaux sociaux, ce plaquage manqué, qui vient s’ajouter à sa défense hasardeuse lors de l’ultime action face à l’Australie en novembre dernier (défaite 37-42). Tout cela s’entend donc, surtout qu’avec Yoram Moefana au centre du terrain, l’équipe de France s’appuie sur un numéro 12 perforateur. En plus de l’aspect défensif, Fin Smith, plus sobre que son homonyme, amène sûrement davantage de sobriété et de calme dans la ligne d’attaque anglaise. Marcus s’épanouit dans le chaos, mais a davantage de difficultés à endosser ce costume de gestionnaire, là où Fin, parfois étincelant cependant, offre du calme et de la sérénité.
Mais n’allez pas croire que Steve Borthwick va définitivement se passer des services de Marcus Smith. Ce dernier devrait être décalé à l’arrière, poste qu’il a déjà occupé sous le maillot de l’équipe nationale. Le but ? Conserver ce génie offensif, cette créativité et cette touche de folie qu’il manque parfois au XV de la Rose. Ce choix, s’il venait à être confirmé, devrait cependant sacrifier Freddie Steward. Le géant arrière (1m96), pourtant si à l’aise sous les ballons hauts, qualité qu’il a encore prouvée ce samedi en Irlande, fait les frais d’une volonté de dynamiser le fond du terrain. On aurait pu penser que son aisance aérienne, là où les Tricolores ont un peu plus de mal, aurait pu être un atout pour les locaux ce week-end. Cependant, les Bleus, utilisant davantage le jeu au pied d’occupation que de pression, la présence de Steward devenait sûrement obsolète dans l’esprit de Borthwick. Enfin, autre changement derrière, Calan Murley blessé et qui, outre son essai, a vécu une après-midi difficile à Dublin, devrait être remplacé par Sleightholme sur une aile. À moins que Steward, n’y soit finalement titularisé. Affaire à suivre.
Un banc renforcé
Enfin, le banc anglais, qui a souffert de la comparaison avec son homologue irlandais, risque être renforcé. Ben Curry, titulaire à l’Aviva Stadium, sera remplaçant dans cette volonté de densifier ses finisseurs. Jamie George, absent en Irlande, devrait lui aussi être de retour sur le banc. Avec les Chessum, Cunningham-South, Baxter ou Randall, le XV de la Rose a de quoi voir venir.
En gros, si toutes les informations du Telegraph venaient à se confirmer, la stratégie anglaise commencerait à se dessiner. Tout d’abord, une volonté de renforcer un secteur défensif, qui a parfois été défaillant à Dublin, en titularisant un ouvreur solide sur ce point-là et qui aura fort à faire face aux gros porteurs français. À voir cependant comme celui-ci gère la pression de l’évènement. Un cadre davantage respecté, sans omettre cette part de liberté, et de folie, avec un Marcus Smith beaucoup plus libre dans le fond du terrain. Et surtout, un banc XXL, en retenant la leçon du précédant déplacement, avec donc l’envie de tenir le rythme entrevue sur la première mi-temps sur 80 minutes, sans baisse de régime.