La Cour des comptes a publié mardi un rapport au vitriol sur l’organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 en France. Si les tribunes ont vibré et que l’événement a cartonné côté public, derrière les sourires se cache un véritable naufrage financier. L’État, la FFR et plusieurs anciens dirigeants sont dans le viseur.
Un événement réussi… sur le terrain uniquement
Sur le papier, tout semblait parfait. Des stades pleins, une ambiance au rendez-vous, une fête populaire qui a marqué les esprits. Mais à y regarder de plus près, la gestion en coulisses a viré au désastre. D’après la Cour des comptes, l’organisation a été plombée par des dysfonctionnements majeurs et des choix stratégiques hasardeux, menant à des pertes sèches pouvant aller jusqu’à 35 millions d’euros.
La Fédération française de rugby (FFR), principal organisateur via le GIP France 2023, est directement touchée. Et les conséquences pourraient peser lourd sur les finances du rugby français dans les années à venir.
Des millions envolés et une gouvernance floue
Le rapport dévoile que les organisateurs tablaient sur 68 millions d’euros de bénéfices au moment de la candidature. En réalité, ils se retrouvent avec un gouffre financier, creusé notamment par des dépenses mal encadrées, des prévisions trop optimistes et une gouvernance jugée trop opaque.
Le GIE Hospitalité & Voyages, structure chargée de la billetterie premium et du tourisme autour de l’événement, est aussi pointé du doigt. Les mécanismes de contrôle n’ont pas suivi, les décisions ont été prises à l’aveugle, et l’État n’a réagi qu’après les premières secousses, à l’été 2022.
L’État et la FFR dans le viseur
Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, n’a pas mâché ses mots : « Tout le monde a gagné, sauf les organisateurs français. » Pendant que World Rugby encaissait un bénéfice record de 500 millions d’euros, la FFR elle, accuse une perte comprise entre 19,2 et 28,9 millions d’euros. Une claque.
Et ce n’est pas juste une histoire de mauvaise gestion collective. La Cour pointe aussi la responsabilité personnelle de plusieurs anciens dirigeants. L’État et la FFR sont critiqués pour leur manque de supervision, alors même qu’ils avaient toutes les cartes pour agir.
Vers des poursuites contre Atcher, Laporte et Martinez
Face à cette situation, le GIP et le GIE envisagent de contre-attaquer. Un cabinet d’avocats a été missionné pour étudier la possibilité d’engager des actions en justice contre Claude Atcher, ancien DG de France 2023, Bernard Laporte, ex-président de la FFR, et Alexandre Martinez, alors trésorier de la fédé et impliqué dans la gestion de l’événement.
Ces trois noms sont soupçonnés de fautes de gestion personnelles ayant directement mené au fiasco. L’affaire pourrait donc prendre une tournure judiciaire dans les semaines à venir.
Atcher se défend, la FFR change de ton
De son côté, Claude Atcher contre-attaque. Dans un droit de réponse publié par la Cour, il accuse ses successeurs d’avoir sabordé l’événement après son éviction en 2022, affirmant que le rugby français a perdu 50 millions d’euros de bénéfices potentiels à cause d’eux. Il parle de décision « purement politique » et dit servir de bouc émissaire.
La nouvelle direction de la FFR, emmenée depuis 2023 par Florian Grill, a de son côté pris acte du rapport et dit vouloir faire toute la lumière. Elle pousse pour que les responsabilités soient établies et que les anciens dirigeants soient appelés à rendre des comptes.
Des leçons à tirer pour l’avenir
La Cour des comptes espère que ce fiasco servira d’alerte. Le rapport inclut des recommandations pour éviter de répéter les mêmes erreurs à l’avenir, notamment à l’approche de grands événements comme les JO 2024 ou les Jeux d’hiver 2030 dans les Alpes.
Le cas du Mondial 2023 montre à quel point une grande réussite sportive peut masquer une organisation bancale. Et cette fois, l’addition est salée.
Ce rapport explosif révèle les coulisses d’un événement qui aurait dû faire entrer la FFR dans une nouvelle ère… mais qui la laisse au bord du précipice financier.

J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO