Fabian Holland va entrer dans la lumière samedi soir à Dunedin, face à la France, pour une première sélection qui casse les codes : jamais un joueur né aux Pays-Bas n’avait porté le maillot des All Blacks. Parcours de ce deuxième ligne pas comme les autres, symbole d’une Nouvelle-Zélande qui ose le grand écart.
Du petit club de Castricum aux mythiques All Blacks : itinéraire d’un “gamin obsédé”
À 22 ans, Fabian Holland débarque avec ses 2,04 m et ses 124 kg, prêt à tout renverser. Pourtant, il y a dix ans, le futur colosse s’entraînait encore dans la boue du Castricumse Rugby Club, au nord d’Amsterdam, loin de l’univers des Blacks. Mais chez les Holland, l’obsession du rugby néo-zélandais est une affaire de famille : « J’avais des draps avec des fougères argentées » (L’Équipe), confie-t-il, pas peu fier.
Le déclic ? Une rencontre avec une équipe néo-zélandaise de rugby à 7 à 11 ans : c’est là que naît le rêve, version haka. Trois ans plus tard, il décide de tout lâcher : direction la Nouvelle-Zélande, en solo, pour rejoindre le lycée Christchurch Boys’ High School, véritable usine à All Blacks (Dan Carter, Will Jordan et Brodie Retallick y sont passés). Pas franchement des vacances : adaptation express, nouveau pays, nouvelle langue, mais un objectif en tête. « Je me suis fait adopter par la famille rugby là-bas » (L’Équipe), glisse Holland, reconnaissant.
Otago à l’honneur, Scott Robertson parie sur la fraîcheur
Pour ce premier test match de l’année, Scott Robertson frappe un grand coup. Le coach des All Blacks, souvent qualifié de conservateur la saison passée, aligne deux nouveaux venus d’Otago dans le XV de départ : Holland et Christian Lio-Willie en 8. Une première depuis… 2012 !
Robertson, jamais avare de formules, a qualifié le parcours du “Dutchman” d’histoire de cinéma : « Il arrive de Zeeland à la Nouvelle-Zélande, c’est dingue… Mais il ne lâche rien. À 14 ans, choisir de traverser la planète pour porter ce maillot, c’est tout sauf banal. Il a vu les All Blacks comme l’ultime. C’est une histoire de film, non ? » (Otago Daily Times). Pour le sélectionneur, dans une ère où les packs se densifient, avoir un profil à la Pieter-Steph du Toit ou Courtney Lawes n’est plus un luxe, c’est une obligation.
Un gabarit rare et un profil 100 % moderne
Dans un rugby où la taille et la polyvalence sont devenues reines, Holland coche toutes les cases. Défenseur féroce, plaqueur infatigable, spécialiste du grattage, il a déjà raflé les titres de “Défenseur de la saison” et “Avant de la saison” avec les Highlanders. Surtout, il peut enchaîner les 80 minutes sans baisser d’intensité : gage de sérieux pour le staff All Black qui rêve d’un pack XXL pour la Coupe du monde 2027.
Habitué à jouer avec les sélections jeunes néo-zélandaises puis avec les All Blacks XV, Holland est dans les radars depuis un moment. La fédération lui a d’ailleurs fait signer un contrat jusqu’en 2028. Son défi : prouver que sa puissance, son jeu debout et sa vista dans les zones d’affrontement peuvent survivre au rugby international.
Un vent d’enthousiasme chez les fans… jusqu’aux Pays-Bas
La famille et les amis du gamin de Castricum seront scotchés à l’écran samedi. Le rugby néerlandais, encore confidentiel il y a quelques années, voit là un motif de fierté immense. Un message envoyé à tous les mômes d’Europe : le chemin vers les All Blacks existe, même sans être né au pied du volcan ou dans une famille Black de sept générations.
Pour Otago aussi, c’est un joli clin d’œil : deux “locaux” en même temps dans le XV de départ, cela ne s’était pas vu depuis Ben Smith et Adam Thomson, époque où l’on surfait encore sur la vague du grand Chelem.
Des All Blacks en transition, entre puissance, jeunesse et imprévus
Les All Blacks version 2025 affichent une vraie volonté de renouveau. Le staff jongle entre blessures (Tyrel Lomax sur le flanc, Tamaiti Williams absent), expérimentations (Tupou Vaa’i décalé en 6) et affirmation des jeunes. La sélection de Holland et Lio-Willie, deux profils costauds, va dans ce sens : rendre la Nouvelle-Zélande à la fois plus grande, plus puissante et plus adaptable dans toutes les situations.
Au-delà de la dimension symbolique, c’est tout le rugby mondial qui observe : la mondialisation n’est plus un gros mot, et la filière All Black continue d’attirer les profils atypiques. Si la greffe prend, le rugby néo-zélandais pourrait bien ouvrir la porte à d’autres “exotiques” dans les années à venir.
Rendez-vous au Forsyth Barr Stadium : entre rêve et baptême du feu
Samedi, face au XV de France, Fabian Holland ne sera plus un gamin avec des étoiles dans les yeux, mais un All Black attendu au tournant. La pression, il la connaît déjà. Mais s’il met la même énergie et le même culot qu’à ses débuts à Castricum, le “Dutch giant” a tout pour marquer les esprits… et secouer la planète rugby.
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J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO