Clermont en phase finale : l’équation tactique d’Urios peut-elle tenir jusqu’au bout ?

L’ASM s’est imposée avec autorité à Montpellier (23-10) pour valider son billet en barrages du Top 14. Si Christophe Urios parle de “meilleur match de la saison”, c’est peut-être parce que Clermont, après des mois d’instabilité, semble enfin tenir un plan clair. Reste à savoir s’il tiendra dans la durée.

Un cap tactique enfin lisible

Jusqu’ici, Clermont avançait en mode essuie-glace : un match convaincant, suivi de deux brouillons, un regain à domicile, une rechute à l’extérieur… Ce week-end à Montpellier, c’était tout l’inverse. Dès le coup d’envoi, l’équipe avait un cap clair, un jeu construit, une intensité continue, et une vraie cohérence des deux côtés du ballon. Résultat : une victoire nette, jamais vraiment mise en danger.

Christophe Urios n’a pas caché sa satisfaction : « Le plus abouti, le plus constant ». Et ce n’est pas du vent. La défense a été tranchante, les rucks bien nettoyés, les relances précises. L’ASM a surtout su gérer ses temps faibles sans se désunir — un mal chronique cette saison.

Là où Clermont a souvent flanché dans la gestion et le liant entre avants et trois-quarts, tout s’est imbriqué. Pas d’envolées spectaculaires, mais un jeu propre, net, appliqué. C’est souvent comme ça qu’on passe des tours en phase finale.

Urdapilleta, le détonateur à retardement

Dans le lot, Benjamin Urdapilleta a peut-être signé l’un de ses derniers grands matchs sous les couleurs clermontoises. À 38 ans, l’Argentin a dicté le tempo, calmé les temps forts, accéléré quand il le fallait. Sa complémentarité avec Sébastien Bézy a fluidifié l’ensemble du jeu.

Son essai refusé pour un détail n’a pas gâché sa prestation, mais a laissé un goût amer à Urios : « Pas fair play du tout ». Au-delà du fait de jeu, on sent une frustration plus large : celle de voir un joueur expérimenté ne pas être récompensé alors qu’il approche de la sortie. Une pique adressée à l’arbitrage, que le manager clermontois n’a pas vraiment masquée.

Mais sur le fond, Urdapilleta reste le vrai maître à jouer de cette ASM : quand il est juste, tout le collectif semble suivre.

Le plan Urios : sobre, précis… mais fragile ?

Depuis plusieurs semaines, Urios a resserré les boulons. Moins de turnover, un axe 2-8-10 stabilisé, un jeu au pied d’occupation mis au centre du projet. Ça donne une ASM plus structurée, moins brouillonne. À Montpellier, on a vu une équipe capable de s’imposer sans avoir besoin de briller.

Mais ce plan repose sur une exigence tactique et mentale élevée. Clermont a joué avec moins de 50 % de possession, a laissé le ballon mais contrôlé le terrain. C’est efficace quand tout roule… mais exigeant sur la durée. Et face à Bayonne, ça pourrait coincer si l’intensité défensive n’est pas au même niveau.

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Car les Basques, chez eux, savent imposer un vrai rythme. Et ils n’auront rien à perdre. L’ASM devra alors tenir sur la longueur, relancer proprement, et surtout éviter les trous d’air qu’elle traîne depuis le début de saison.

Une projection entre confiance et incertitude

Sur le papier, Clermont semble mieux armée. Une conquête fiable, un triangle arrière solide, une charnière en forme, et une deuxième ligne de combat. Mais tout tient à la constance. Car ce match référence arrive tard. Et à ce stade, ce genre de performance doit se répéter à l’identique — ou presque — pour espérer aller plus loin.

Il faudra aussi voir l’état physique du groupe. Plusieurs cadres ont beaucoup joué, et la saison a été usante. Face à un adversaire qui jouera sans pression et devant son public, la moindre baisse de régime peut coûter cher.

Urios, lui, joue gros aussi. Cette qualification est un début de réponse à ceux qui doutaient de son adaptation à Clermont. Une victoire à Bayonne, ce serait plus qu’un barrage gagné : ce serait le signe qu’un projet prend (enfin) forme.

Un groupe prêt à se battre

Au-delà des systèmes et des choix tactiques, on a vu à Montpellier un groupe qui vit bien. Les célébrations, les attitudes, l’engagement… tout donne l’impression d’une équipe qui veut aller au bout. Et qui en a peut-être les moyens, si elle répète ce type de match avec la même intensité.

Rien n’est garanti, évidemment. Mais Clermont a relancé la machine au bon moment. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour créer une dynamique.

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J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO