En s’imposant brillamment à Christchurch contre les Crusaders (29-45), les Moana Pasifika ont réalisé une performance historique, s’imposant pour la première fois face à la franchise néo-zélandaise. Anecdotique sur le papier, mais un succès fondateur, pour une formation îlienne créée il y a seulement trois ans.
Les Moana Pasifika et Ardie Savea piègent les Crusaders
Si le Top 14 bat son plein et entame son sprint final aux prémices du mois d’avril, la belle histoire du week-end fut écrite à plus de 19 000 kilomètres de notre cher hexagone, à l’autre bout de l’Hémisphère Sud où les Moana Pasifika, ont fait vaciller l’Apollo Projects Stadium de Christchurch. À vrai dire, les images furent davantage parlantes que les mots, la pelouse néo-zélandaise envahie dès le trille final de l’arbitre retenti, pour célébrer ce succès complètement fou des hommes de Tana Umaga (29-45).
Le public néo-zélandais, pourtant venu pousser derrière ses protégés, s’est pris d’affection pour une équipe des Moana Pasifika, magnifique, qui a rendu une copie au-delà du sublime. Alors qu’ils avaient déjà donné quelques sueurs froides la semaine passée aux Chiefs (35-50), se lançant dans une remontée homérique en seconde période, les partenaires de William Havili ont cette fois-ci déjoué tous les pronostics. Derniers du Super Rugby avant ce déplacement sur la pelouse des Crusaders, les Moana Pasifika n’en menaient pas large, au moment de défier la bande à David Havili. Pourquoi ? Car les « Croisés », quintuples vainqueurs de la compétition sudiste depuis 2017, auxquels vous rajouterez deux Super Rugby Aotearoa (2020-2021), s’avançaient comme un ogre prêt à poursuivre sa quête de qualification. Si les hommes de Rob Penney ont connu un dernier exercice ô combien compliqué, éjectés du Top 8 et absents des phases finales pour la première fois depuis une éternité, ils ont redressé la barre cette saison et s’avancent comme l’un des favoris à la couronne finale.
Rendez-vous compte, avant ce revers, ils n’avaient connu qu’une seule fois la défaite en cinq rencontres. Les Chiefs étant exempt, les coéquipiers de Will Jordan avaient là, une opportunité unique de prendre les rênes du championnat. Et malgré l’absence de son ouvreur et maître à jouer Taha Kemara, les Crusaders pouvaient compter sur l’ancien joyau du rugby australien, l’expérimenté James O’Connor, pour mener son équipe vers une victoire bonifiée. Il n’en fut rien. La faute donc à cette équipe pleine d’enthousiasme, qui a su mettre la main sur la partie directement grâce à un doublé d’Ardie Savea, qui a joué un bien mauvais tour à ses partenaires en sélection. Et malgré un essai de Moananu et une pénalité d’Oconnor, les locaux furent dépassés, menés largement aux citrons (10-28). Parce qu’excepté le doublé d’Ardie Savea, l’autre grand bonhomme de la soirée fut l’ouvreur Patrick Pellegrini. Déjà très en vue contre les Chiefs, l’international tongien a transformé les six réalisations de ses partenaires, passé une pénalité et surtout, inscrit un essai peu avant la pause. Ajoutez à tout cela un essai de Toala et vous obtenez une belle déculottée à la mi-temps.
Les Moana Pasifika entrent dans l’histoire
La deuxième période sera plus équilibrée, mais les Tongiens et Samoans poursuivront leur course en tête. Le seul regret pour les Moana Pasifika, restera sûrement cet essai encaissé en fin de match, les privant d’un point de bonus offensif qui aurait été largement mérité.
Créée il y a trois ans, la franchise des Îles du Pacifique décrochent là son premier succès face aux Crusaders, l’équipe dominante de ces dix dernières années. Mieux encore, sur le plan comptable, les Moana Pasifika remontent à la neuvième place, à seulement deux points des Highlanders, huitièmes et premiers qualifiés. Les Moana peuvent rêver des play-offs en fin de saison, play-offs qu’ils n’ont toujours pas connu depuis leur création.
Biberonné au rugby, tombé malade de ce sport lors de la Coupe du Monde 2003, alors que je savais à peine marcher, je suis le seul sudiste ayant renié le Stade Toulousain pour l’autre Stade… Français. Condamné à souffrir avec mon club de cœur, j’espère vous transmettre mon amour pour la balle ovale à travers XV Ovalie !