En s’imposant contre Castres (33-12), l’Aviron Bayonnais a prouvé, qu’il serait un sérieux candidat dans la course à la qualification. Les Basques s’installent sur le podium du Top 14, à égalité avec Toulon. On leur prédisait une déculottée historique, il n’en fut rien. Le Stade Français Paris, composé en majorité de jeunes joueurs de son centre de formation, a tenu la dragée haute à un Stade Toulousain morose, sans inspiration. Certes les soldats roses se sont inclinés (38-23), mais cette rencontre peut être un déclic pour la suite du championnat. Enfin, Jack Maddocks s’est montré rayonnant face à Vannes, à l’instar de Tavite Veredamu contre Clermont, qui en plus de son essai, a sorti une performance XXL. Voici les informations du week-end à retenir.
Bayonne, c’est du sérieux
On peut désormais l’affirmer. À la mi-saison, l’Aviron Bayonnais est officiellement un sérieux candidat au top 6 en juin. Les Basques, sont venus à bout de Castres à Dauger (33-12), dans un match qui avait tout du piège.
Car les Bayonnais se devaient de confirmer leur belle victoire à Vannes, contre un adversaire, plus revanchard que jamais. Après une très lourde défaite à Clermont (54-10), un revers à Pierre Fabre contre l’UBB (3-13), les Tarnais avaient ciblé ce voyage sur les bords de l’Adour, avec l’ambition de garder en ligne de mire, le wagon des qualifiables. Finalement, ils en sont repartis bredouilles. La faute à des Bayonnais réalistes, loin d’être flamboyants, mais qui ont su se nourrir des erreurs visiteuses en particulier cette relance de l’en-but, ou la faillite au pied de Pierre Popelin.
Et c’est bien là que l’Aviron impressionne. Même moins séduisants que lors de leurs dernières sorties, les coéquipiers de Camille Lopez se sont montrés réalistes, solides et n’ont jamais douté, pas même lorsque le CO, par le biais de l’ancien de la maison Rémy Baget, est revenu à portée de fusil (16-12). Mieux encore, ils ont passé 30 points à une équipe venue à Jean Dauger avec des intentions. De quoi confirmer que cette équipe a définitivement, sous la houlette de Grégory Patat, basculé dans une autre dimension. Troisième et enfin installé sur le podium à la mi-Top 14, l’Aviron aura désormais l’ambition de connaître des phases finales en juin. Et avec une telle solidité, ce ne sera pas un exploit de voir les Basques figurer dans les six meilleures équipes de notre championnat au printemps.
Maddocks, la semaine parfaite
L’arrière australien de la Section Paloise, Jack Maddocks (1m94-96kg), vient de vivre une semaine de rêve au pied des Pyrénées. Le joueur de 27 ans, arrivé à Pau en 2021, a en effet prolongé son bail avec la Section jusqu’en 2027, a annoncé le club mercredi dernier. Il a rendu à ses dirigeants, la confiance que ces derniers lui accordent. Quelques jours après cette annonce, l’international Wallabies (7 sélections) a livré une prestation de haut niveau face à Vannes.
S’il fut dans un premier temps contré sur ces dégagements, il est ensuite rentré dans sa partie de la plus belle des manières. Bien servi par un superbe travail d’un Joe Simmonds impérial aussi ce samedi, Maddocks plongeait en Terre promise et inscrivait le premier essai des locaux face à des Vannetais alors devant (18e). Quelques minutes plus tard, c’est lui, sur une superbe passe pivot à l’aveugle, qui permettait à Aaron Grandidier d’y aller de sa réalisation. Avant, de servir parfaitement après contact Emilien Gailleton, mobilisant deux défenseurs et lui libérant l’espace, l’action se terminant 80 mètres plus loin, Luc concluant le chef-d’œuvre dans l’en-but breton.
Vous l’aurez donc compris, une première mi-temps à conjuguer au plus-que-parfait qui n’est pas restée sans suite. Il ira de son doublé au retour des vestiaires, permettant à son équipe, de prendre définitivement le large et s’imposer (48-24).
Certes, on pourra lui reprocher ses deux ou trois ballons égarés, ses coups de pieds contrés ou manqués du début de match. Mais sur la prestation globale, Jack Maddocks a rayonné. Et surtout, s’est encore affirmé comme un élément indispensable de la Section.
Les Titis Parisiens ont du cœur
On leur promettait l’enfer, nous les premiers. Force est de constater que les Titis du Stade Français, ont fait mieux que relever le défi ce dimanche soir, en clôture de cette treizième journée de Top 14, sur la pelouse du Stadium face au Stade Toulousain.
Petit retour en arrière. Ayant priorisé la réception de l’Union Bordeaux-Bègles, le Stade Français envoie une équipe totalement remaniée, pour ce Clasico en terre toulousaine. Excepté des Joe Marchant, Louis Carbonel, Ryan Chapuis, JJ Van der Mescht ou Yoan Tanga, la formation parisienne est composée en majorité de jeunes joueurs de son centre de formation (Scelzo, Timo, Blum, Laloi, Monin, Meité, Koffi, etc), ou de joueurs, placardisés par le staff en ce début de saison (Storti, Foursans, Petriashvili, etc). Face aux soldats roses ? Une équipe haut-garonnaise XXL, composée de sa pléiade de stars excepté Antoine Dupont, malade à quelques heures du coup d’envoi de cette affiche historique du rugby français.
De ce fait, bon nombre d’observateurs se sont montrés critiques envers le club de la capitale, leur reprochant de ne pas jouer le jeu. Est-ce ces nombreux commentaires qui ont galvanisé l’effectif rose ? Et en contrepartie, qui ont relâché, inconsciemment les Toulousains ? Toujours est-il qu’à la pause, les visiteurs n’étaient menés que de huit petits points (14-6) et pouvaient même s’en mordre les doigts. Outre cet essai sur ballon porté parfaitement conclu par Marchand, les locaux n’ont rien montré et se sont heurtés à la vaillance des Parisiens, peu dangereux balle en main, il est vrai (à part une occasion d’essai), mais diablement efficaces en défense et occupant parfaitement le camp adverse. Il aura fallu un essai gag de Graou, pour permettre aux Toulousains de prendre un peu le large.
Même scénario lors du second acte. Les Rouge et Noir vont se détacher dans un premier temps, sur un nouvel essai casquette, où la gonfle revient miraculeusement dans les mains d’Ntamack (55e). Mais Paris a du cœur et va même faire trembler les 30 000 spectateurs du Stadium, revenant à cinq points grâce à un essai d’Azagoh et la botte de Carbonel (21-16, 62e). Malheureusement, sur deux erreurs de Joe Jonas, Toulouse va reprendre quinze points d’avance (essai sur maul de Mauvaka, pénalité de Ramos). Mais là encore, le Stade Français va réagir sur un essai de Charles Laloi. À l’origine ? Une percée exceptionnelle de Léo Monin, avant que Juan Martin Scelzo, sur un deux contre un d’école, n’envoie son ailier derrière la ligne. Les hommes d’Ugo Mola auront le dernier mot et arracheront le bonus offensif sur un énième ballon porté conclu par Mauvaka, mais l’essentiel est ailleurs.
Désormais onzième de Top 14, le Stade Français Paris a montré des valeurs sur lesquels il devra s’appuyer pour inverser la dynamique de sa saison. Sans parler des performances XXL de ses jeunes, le club parisien pourra désormais compter sur des Foursans ou Petriashvili, tous deux auteurs d’un match très solide. Surtout, l’état d’esprit, les nombreux encouragements, prouvent que ce club reste toujours aussi spécial. Aux cadres, restés à Paris, de confirmer ce que l’on a vu contre l’UBB.
Veredamu inarrêtable
Quel match de Tavite Veredamu ! À 35 ans, l’ailier fidjien, international français à 7, déjà marqueur contre le Stade Français une semaine auparavant, a récidivé et livré une performance impressionnante. Ce dimanche, l’USAP jouait gros. Et les Catalans ont répondu présents en s’imposant (21-13) face à un Stade Rochelais, bien loin du niveau auquel on l’attend, timoré et sans génie.
De ce match ? On retiendra donc le festival de l’ailier usapiste. À la conclusion d’un beau mouvement, il fut surtout à l’origine de plusieurs situations chaudes. C’est bien simple, à chaque fois que l’ovale lui est revenu dans les bras, l’ailier a été dangereux. Il aurait même pu, inscrire l’un des essais en solitaire de l’année, sur un déboulé le long de la touche. Malheureusement, il perdra le contrôle de la balle au moment d’aplatir.
Perpignan, douzième, à égalité avec Paris, va batailler jusque dans les derniers instants pour sa survie dans l’élite. Mais avec un tel facteur X dans ses rangs, capable de décanter n’importe quelle situation, par sa puissance, sa technique hors norme, mais aussi sa vitesse, tout reste plus que jamais possible.