Sous un vrai déluge et porté par un Jean-Dauger bouillant, l’Aviron bayonnais a complètement maîtrisé Clermont (20-3) vendredi soir en barrage du Top 14. Une soirée historique : Bayonne disputera sa première demi-finale depuis 1983 face au Stade Toulousain.
La pluie, les chants et un billet pour Lyon
Il pleuvait des cordes, les éclairs zébraient le ciel, mais Bayonne avait clairement les idées plus claires que son adversaire. Dans cette ambiance à mi-chemin entre le chaos météo et l’euphorie populaire, les Basques ont fait ce qu’ils savent faire de mieux cette saison : gagner à domicile, pour la 14e fois de rang.
Le score parle de lui-même : 20-3, avec un essai de Tom Spring, auteur d’un petit bijou de cadrage-débordement après une diagonale magique de Camille Lopez, et des points au pied bien dosés par Joris Segonds. Les Jaunards, eux, sont passés à côté de leur sujet. Sans rythme, sans idée, sans réaction.
Clermont, la tête dans les orages
On aurait aimé un vrai combat. Ce fut un naufrage. L’ASM, qui retrouvait les phases finales après quatre saisons d’absence, a sombré sans panache. Quelques chiffres suffisent : 0 franchissement, 33 % de possession, 15 fautes, 223 mètres parcourus (contre 696 pour Bayonne), 33 passes seulement. Une attaque au point mort, une défense trop souvent en retard, et des leaders aux abonnés absents.
Même Benjamin Urdapilleta, pour son dernier match pro, a vécu un cauchemar : deux pénalités ratées, dépassé dans l’organisation, mis sous pression en permanence. Une sortie de scène douloureuse pour l’ouvreur argentin.
Lopez et Segonds, la charnière qui fait la différence
Segonds a parfaitement tenu la barre au pied : deux pénalités, un drop, du sang-froid. Puis Lopez est entré, a pris le contrôle et transformé un match serré en démonstration. Dès son premier ballon, une passe au pied tendue pour Spring, qui mystifie Newsome et Raka pour aller marquer en coin.
Le duo a géré la pluie, le tempo et les moments clés. Une gestion de match à montrer dans toutes les écoles de rugby. Pendant ce temps, Clermont bricolait à contretemps, incapables de faire trois passes propres ou de sortir leur camp proprement.
La météo en mode Bayonnais
Le 16e homme, ce soir-là, ce n’était pas seulement le public : c’était aussi la météo. Un ballon glissant, des chandelles à foison, des rucks interminables, et un terrain aussi collant qu’un chewing-gum. Bayonne s’est adapté, pas Clermont.
Les Basques ont choisi le bon jeu : 50-22 de Maqala, occupation au pied millimétrée, agressivité dans les zones de rucks. À la pause, les mots de Guillaume Rouet résumaient tout : “Jouer au rugby, c’est compliqué là… faut jouer simple.” Tout était dit.
Et pendant que Christophe Urios gueulait “du jeu à zéro passe !” dans les vestiaires, Bayonne déroulait son plan, sans panique. Résultat : Clermont finit à 14, Bezy prend un jaune, Lopez passe une nouvelle pénalité… et le stade exulte.
Toulouse en ligne de mire, et pourquoi pas plus ?
Vendredi prochain, Bayonne affrontera le Stade Toulousain au Groupama Stadium de Lyon (21h05). Un duel énorme face au double champion en titre, avec un ticket pour la finale à la clé. Rien que ça.
Ce Bayonne-là n’a peut-être pas le CV, mais il a la foi, une équipe soudée, un public incandescent et un rugby parfaitement taillé pour les matchs de printemps trempés. Et vu la démonstration de ce vendredi, on se dit que les Basques n’ont pas fini de faire parler d’eux.
J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO